Info puremedias.com Un nouvel historique s'en va. Après Laurent Neumann licencié en décembre et Maurice Szafran quelques semaines plus tôt, Nicolas Domenach quitte, à son tour, l'hebdomadaire "Marianne". Co-fondateur de "L'événement du jeudi" avec Jean-François Kahn, devenu depuis "Marianne" en 1997, il a adressé un courriel aux collaborateurs du journal dont puremedias.com a pris connaissance pour annoncer son départ.
"Comme vous le savez, la direction a voulu m'interdire de parole sur Canal+, écrit-il dans son mail. Au nom de nos valeurs fondatrices, je n'avais donc plus d'autre choix que de reprendre ma liberté. La rupture n'est pas de mon fait, mais la situation était devenue insupportable". En conflit avec la nouvelle direction du magazine depuis plusieurs mois, Nicolas Domenach était invité à quitter le groupe Canal+ où il officie quotidiennement dans "La Nouvelle Edition" le midi pour pouvoir conserver son poste.
"Ce choix, sachez-le, m'est douloureux, et j'ai longtemps hesité. Car, dans le sillon de 'L'Événement du Jeudi', que j'ai aussi tant aimé, la création et la réussite de 'Marianne' (...) fut pour nous un rêve. Un rêve que nous avons mené a bien. Reconnaissons-le : jamais nous n'avions osé imaginer une telle réussite. Nous l'avons fait, tous ensemble. Soyons-en heureux, et même orgueilleux. D'un humble orgueil car il faut toujours tout recommencer, repenser, réimaginer !", poursuit le journaliste politique. Depuis six mois, la rédaction en chef du titre a été confiée à Joseph Macé-Scaron, dont les choix ne font pas l'unanimité en interne. C'est Yves de Chaisemartin, ancien du Figaro et nouvel actionnaire majoritaire de "Marianne", qui en avait décidé ainsi. Selon nos informations, Nicolas Domenach a choisi d'engager une procédure contre son futur-ex employeur.
"Marianne" a connu ses grandes heures pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, où il ne s'est jamais aussi bien vendu. On se souvient de ses Unes qui ont défrayé la chronique, comme "Le voyou de la République" ou encore "Dégage !". Mais, depuis l'arrivée de François Hollande à l'Elysée, le titre souffre. En quête d'une nouvelle ligne éditoriale, sa diffusion payée est passée de 281.000 exemplaires en 2008 (chiffres OJD)à 195.000 exemplaires en 2013. Le premier semestre de 2014 confirme cet effondrement des ventes.
Nicolas Domenach, "attristé et affecté" par cette rupture "imposée", fait aussi dans son courriel quelques mises au point avec la nouvelle équipe. "La direction aurait fait courir le bruit insane que j'aurais méprisé, et pire encore détesté ceux qui ont participé a ce journal, à cette entreprise salvatrice, écrit-il. Rien de plus faux, rien de plus éloigné de mon esprit, j'ai travaillé main dans la main avec cette rédaction, à presque tous les échelons, et j'ai toujours obéi a toute demande, à toute commande".
Selon le futur-ex directeur adjoint de la rédaction, "Marianne" a, au fil des années, "créé une communauté d'esprit qui a compté dans l'histoire médiatique, intellectuelle, et politique". "Si certains l'oublient, Nicolas Sarkozy, lui, s'en souvient encore. La lutte contre la pensée unique, la défense acharnée de l'idéal européen, la dénonciation du nationalisme et de l'extrême-droite, c'est tout cela, et bien d'autres choses encore, Marianne", poursuit-il.
"Je vous salue avec amitié et fidélité. Fidélité a tout ce que nous avons défendu. En cédant a des oukazes absurdes, j'aurais abdiqué, et cela, ce n'était pas possible (...) Vous pouvez être certains que je ne renoncerai jamais à nos idéaux. Je vous remercie pour ce qui fut avant tout une belle histoire d'amour. Sachez que, comme vous, je me fais un sang d'encre", conclut Nicolas Domenach.