Il est des dîners où l’on se sent prisonnier. Où, lorsqu’on vous ressert des pommes sautées, vous n’avez qu’une idée : vous sauver. C’est ce qui risque de se passer si vous acceptez l’invitation d’Alain Cavalier. Au menu ce soir ? En entrée : une fausse bonne idée. Suivie d’un assortiment de longs moments pas vraiment désopilants. En dessert : un mystère sans caractère.
La nourriture, d’ailleurs, a la part belle dans Pater. Les amateurs de bruits de bouche en tout genre en auront pour leur argent et le film s’ouvre sur des gros plans d’amuse-gueules baignant dans l’huile : une prémonition de la lourdeur de ce qui va suivre ? Alain Cavalier et Vincent Lindon, toujours aussi sympa-tic, jouent leur propre rôle, dans de vraies (?) images d’archives, mais également celui du Président de la République et de son Premier Ministre. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits et un spectateur voudrait bien rentrer chez lui. Pater, c’est Qui est qui ? mais sans Marie-Ange Nardi.
On ne sait jamais sur quel pied danser mais encore faudrait-il, pour y arriver, sortir de la torpeur dans lequel le film nous a plongés. Les acteurs sont pris dans un labyrinthe dont les parois sont des miroirs et c’est le spectateur qui s’y perd. Certes, à Cannes, la standing ovation dura 17 minutes mais seuls ceux qui eurent le courage de rester jusqu’à la fin de ce film pataud crièrent « Bravo ! ». Soyons sincères : nombreux sont les spectateurs qui capitulent devant Pater. Il est vrai qu’on peut rêver d’autre chose que d’entendre disserter de vrais-faux personnages sur le choix d’un motif de cravate pendant une éternité. Le duo Lindon-Cavalier, amis à la ville depuis 25 ans, est si déroutant qu’il en devient presque excluant. On pourra en apprécier la complexité et même saluer le talent des acteurs qui arrivent parfaitement à laisser penser qu’ils ne sont pas en train de jouer, d’autant plus que de nombreux plans-séquences rendent la tâche peu aisée.
Mais si Pater est si difficile d’accès, c’est parce qu’il se repaît de sa complexité. La dimension méta est partout. Méta, en grec, signifie au-delà. Il est employé, entre autres, pour évoquer l’autoréflexivité : lorsqu’un film se prend lui-même pour objet, par exemple, il est dit métafilmique. Un film dans le film donc, grâce à un jeu de miroirs. C’est exactement ce qui se passe dans Pater. La dernière scène voit Vincent Lindon filmer Alain Cavalier qui le filme à son tour. Trois caméras, en tout, et un seul mal de crâne. Novateur ? Non, [personnalite_ozap%]Laurence Sterne[/personnalite_ozap%] et Diderot nous donnaient déjà du méta au dix-huitième siècle, sans parler de Shakespeare. Virtuose ? Non plus, puisque le propos est trop souvent lourdement appuyé. Avant de faire un film sur un film, pourquoi ne pas simplement réaliser un vrai film ?
Nombreux furent ceux qui, à Cannes ou ailleurs, louèrent la nature politique du film. Il est vrai que plusieurs répliques font mouche et que la mise en scène du pouvoir, mêlée à celle de la filiation et de la mort du père, est loin d’être inintéressante. Mais c’est la réception de Pater qui pose la vraie question : comment expliquer que la critique soit unanime devant ce film qui ne cesse de dire « moi je(u) » et qui ne s’adresse pas vraiment, tout théorique qu’il est, au spectateur ? Alain Cavalier nous donne alors envie de réfléchir à ces mots de Victor Hugo : « La presse a succédé au catéchisme dans le gouvernement du monde. Après le pape, le papier ».
Pater : Vraiment pater-rible
Publié le 27 juin 2011 à 14:18
Terriblement conceptuel, le documenteur d’Alain Cavalier est aussi m’as-tu-vu qu’ennuyeux. Anxiogène, narcissique et bavard jusqu’au vertige, "Pater" donne le tournis. Une caméra qui se filme en train de filmer, c’est beaucoup trop compliqué.
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