"Résister de l'intérieur ou résister de l'extérieur". Il semblerait que Charline Vanhoenacker ait tranché. "Cette fois, c'est vraiment la dernière" du "Grand dimanche soir" sur France Inter, a-t-elle prévenu ce 23 juin "après avoir assisté au démantèlement de cette émission". "Vous ne trouvez pas que c'est exceptionnel de pouvoir assister à un enterrement un dimanche soir", a-t-elle plaisanté.
"Alors, on s'y attendait tous bien sûr ! Depuis deux mois, on perd un chroniqueur par semaine. Là, je me demande à quel moment de l'émission, quelqu'un va m'annoncer qu'il se barre. Je suis sur le qui-vive", a ironisé Charline Vanhoenacker, en référence à la vague de départ d'humoristes de l'émission depuis le licenciement de Guillaume Meurice, le 11 juin dernier, pour faute grave.
Radio France, dirigé par Sibyle Veil, a reproché à l'humoriste sa "déloyauté répétée" après qu'il a répété à l'antenne une blague comparant Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, à "un nazi sans prépuce". Comme un pied de nez à sa direction, Charline Vanhoenacker a diffusé à 19h24, horaire habituel de sa chronique, un vieux reportage de Guillaume Meurice. Proposé dans "Si tu écoutes, j'annule tout" du 9 juin 2017, celui-ci compilait de nombreux propos racistes, homophobes et complotistes.
"Radio France nous a envoyé une grenade dégoupillée dans les jambes et la dissolution a été très très longue", a analysé, pour sa part, Charline Vanhoenacker, reprenant à son compte certains des propos prêtés à Emmanuel Macron par "Le Monde", après qu'il a acté la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin dernier. "Vous savez, la roue tourne. Tenez, rien que cette semaine, le gouvernement chinois a demandé à Apple de supprimer les applications Radio France au prétexte que nos radios influenceraient la population chinoise. Résultat, la direction de Radio France se retrouve victime d'atteinte à la liberté d'expression", a-t-elle glissé dans un sourire.
"Il y a quand même un lot de consolation dans cette ambiance de merde", a estimé plus tard dans l'émission l'humoriste Waly Dia. "C'est que peu importe qui prend le pouvoir : Sibyle Veil et Adèle Van Reeth (directrice de France Inter, ndlr), ça dégage ! Bye bye Satanas et Diabolo !", s'est-il réjoui. "Si c'est le RN, ils privatisent. Si c'est le Front populaire, ils sont foutus de mettre Guillaume Meurice à leur place. Ça leur fera les pieds, à Javotte et Anastasie. Ça sent la convocation pour licenciement, donc ne partez pas trop loin en vacances, les filles !".
Sur un ton plus solennel, Charline Vanhoenacker a chargé "les patrons tentés par le vote d'extrême droite". "Eux, cela ne suffit pas d'entendre le bruit des bottes, ils proposent un petit coup de cirage par-dessus. C'est, en bourse, ce que l'on appelle l'indice du 'FAF' 40", a-t-elle dénoncé.
"Ce qui nous arrive là, c'est peut-être annonciateur de ce qui vous attend vous aussi demain dans vos entreprises, dans vos associations, dans vos familles. C'est-à-dire que, dès le 7 juillet, vous risquez de vous retrouver dans cette situation à l'heure du choix : rester ou claquer la porte. Résister de l'intérieur ou résister à l'extérieur. Et là, chacun fera comme il peut", a-t-elle alerté dans une émission appelant à la lutte contre le Rassemblement national. "Alors un dernier souhait : que le 7 juillet, les Français choisissent l'option de rester à l'intérieur parce que pour exprimer sa solidarité envers la démocratie, c'est compliqué de démissionner de la France".
À l'heure du bilan, Charline Vanhoenacker "retient surtout que dans une société individualiste comme la nôtre, une troupe de camarades saltimbanques aura vécu 10 ans ensemble, dans le milieu médiatique en plus. Une décennie sans jamais se séparer. Aujourd'hui, on nous sépare à l'antenne mais pas dans la vie". Deux heures plus tard, Charline Vanhoenacker a procédé à une longue liste de remerciements – "On souhaite une bonne retraite à Laurence Bloch, qui nous a mis à l'antenne" – puis l'a rendu en parodiant "La chanson des Restos" – devenue "La chanson des gauchos" – et sans rien dire explicitement de son avenir. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.