Une blague aux lourdes conséquences. France Inter a annoncé, ce mardi 7 novembre 2023 via la billetterie de Radio France, que "Le grand dimanche soir", l'émission dominicale présentée par Charline Vanhoenacker, se déroulerait "exceptionnellement" sans public, ce dimanche 12 novembre 2023.
La station du groupe public a pris cette décision "pour la sécurité des équipes du 'Grand dimanche soir'" en référence aux "menaces proférées à l'encontre d'un des humoristes". Guillaume Meurice, qui a écopé d'un avertissement de la direction de Radio France – après un sketch dans lequel il a comparé Benjamin Netanyahu à "une sorte de nazi mais sans prépuce" – a fait l'objet de menaces de mort, a-t-il révélé cette semaine au moment de lancer sa contre-offensive en justice.
Après cette annonce faite au "Monde", Guillaume Meurice a indiqué à "Libération" qu'il réserverait ses explications aux auditeurs du "Grand dimanche soir" ce dimanche 12 novembre entre 18h et 20h. Pour le reste, le programme de l'émission de Charline Vanhoenacker reste inchangé. La voix de France Inter recevra Patrick Timsit et Robert Finley pour un live.
Depuis la chronique de Guillaume Meurice, condamnée par plusieurs personnalités politiques issues des rangs allant de la majorité au Rassemblement national, Radio France a réagi par les voix concordantes d'Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, le 31 octobre et de Sibyle Veil le 6 novembre.
Une "limite" a été "franchie", avait ainsi considéré Adèle Van Reeth, qui garantissait pourtant au "Grand dimanche soir" en début de saison une liberté d'expression totale. "On va continuer à titiller les interdits, à bousculer les auditeurs, à penser contre nous-mêmes", promettait la directrice de France Inter afin de rassurer les auditeurs inquiets de l'arrêt de "C'est encore nous" de Charline Vanhoenacker en quotidienne au profit d'une émission dominicale.
Mais, pour Sibyle Veil, "la liberté n'est pas sans contreparties : elle s'accompagne du choix des limites et de la capacité à reconnaître en toute humilité une erreur d'appréciation". "Ce n'est pas entraver la liberté d'expression et le droit à la caricature - auxquels nous sommes très attachés - que d'appeler au discernement", conclut-elle.
Saisie, l'Arcom a instruit la séquence. Le gendarme de l'audiovisuel a écrit, ce mardi 7 novembre 2023 dans un communiqué, qu'il fallait éviter "les généralisations hâtives, les stéréotypes et le sensationnalisme" quand on parle à l'antenne du conflit entre Israël et le Hamas, "particulièrement sensible".