Politique éditoriale des intervenants sur le service public, round 3. Invité dans "La nouvelle édition" ce midi sur Canal+, Patrick Cohen a répondu à Daniel Schneidermann, qui ce matin dans les colonnes de Libération parle de "faute professionnelle" après ses déclarations dans "C à vous". Pour celles et ceux qui n'ont pas suivi l'affaire, on rembobine.
Patrick Cohen interrogeait la semaine dernière Frédéric Taddéï sur la programmation de son émission. "En passant sur France 2, est-ce que vous continuerez à inviter Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral... Des gens que vous êtes le seul à honorer à la télévision. Et à mon avis, pas seulement pour de bonnes raisons. Moi je n'ai pas envie d'inviter Tarik Ramadan !", expliquait Cohen. "Vous, vous faites le journal, vous ne faites pas une émission de débats intellectuels. Je suis sur le service public, ce n'est pas à moi d'inviter les gens en fonction de mes sympathies ou antipathies", argumentait Taddeï. "Ce n'est pas une question de sympathie ou d'antipathie ! On a une responsabilité, quand on anime une émission de débats publics, de ne pas propager des thèses complotistes ou de ne pas donner la parole à des cerveaux malades", renchérissait l'anchorman de France Inter.
Pour Daniel Schneidermann, Patrick Cohen "a parfaitement le droit de ne pas inviter Ramadan, Soral, Nabe ou Dieudonné, aucun cahier des charges du service public ne l'oblige à le faire". Mais le fondateur d'@rrêt sur images estime qu'il n'y a "aucune raison d'en faire une question de principe, et de proclamer que même la baïonnette dans les reins, on n'invitera pas bidule". L'arbitre de la déontologie journalistique va plus loin : "Se priver d'invités intéressants parce qu'on n'est pas d'accord avec eux est, pour un journaliste payé par le contribuable, une faute professionnelle".
Ce midi sur Canal+, Cohen a donc renvoyé Schneidermann face à ses contradictions. "Penser qu'un jour on pourrait écrire que ne pas inviter Dieudonné sur un média grand public c'est une faute professionnelle, c'est hallucinant ! Mais qu'il l'invite Dieudonné ! Il a un site avec des forums ! Ou dans Libération, comme invité spécial ! Mais on débat de quoi avec Dieudonné ? Est-ce que les chambres à gaz ont existé ? Est-ce qu'il y a un complot sioniste qui dirige le monde ? Et on met un rescapé d'Auschwitz en face ? Mais de quoi on parle", a-t-il lancé.
"Je n'ai pas de leçon à donner à Taddéï, a-t-il poursuivi. Et je regrette que cette polémique fasse autant de bruit ! Chacun fait comme il veut ! La matinale de France Inter, ce n'est pas "Ce soir (ou jamais !). Je ne demande pas qu'on interdise les invités de Taddéï ! Lui aussi il fait des choix ! Tout le monde fait des choix". Avant de conclure : "On a un pluralisme aussi large que possible. Il y a une responsabilité à véhiculer des thèses nauséabondes ou dangereuses ! La cohésion de la société française, cela nous importe aussi !". Si vous avez raté ce moment, puremedias.com vous propose de le voir (à partir de 15 minutes).