L'Arcom réagit. Dans une décision publiée ce mardi 16 avril 2024, prise en assemblée plénière le 14 février dernier, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique a décidé d'intervenir auprès de France 5 après un éditorial de Patrick Cohen dans "C à vous" concernant le décès de l'adolescent Thomas lors d'une fête de village à Crépol, dans la Drôme, en novembre 2023.
Dans l'édito en question, diffusé lundi 27 novembre 2023 sur France 5, l'ancien matinalier de France Inter et Europe 1 avait refait le film de la nuit tragique alors que l'enchaînement des faits n'avait pas encore été établi avec exactitude par les enquêteurs, avait fait savoir le parquet de Valence. "En fin de soirée, une dizaine de jeunes se mêlent aux 400 participants. Ils ne sont pas du village, ils sont venus pour s'amuser, pour draguer des filles. Pas d'incident jusqu'à la dernière chanson de la soirée, 'Tchikita' du rappeur Jul", avait raconté Patrick Cohen.
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"C'est là que, d'après les mis en cause, un des participants au bal, un rugbyman, aurait tiré les cheveux longs d'un des membres du groupe en le traitant de tchikita, c'est-à-dire de fille sexy", avait-il traduit. La bagarre qui suivait aurait vite dégénéré. "Les offensés sortent des couteaux. Un adolescent de 16 ans s'effondre, poignardé à mort. Il s'appelait Thomas, il jouait au rugby, c'était l'une de ses premières sorties", avait ajouté le journaliste.
Surtout, Patrick Cohen était parti du postulat – non établi – que la dizaine de jeunes avait rejoint la fête sans mauvaises intentions alors qu'ils étaient équipés d'armes blanches. À ce sujet précisément, deux versions s'étaient opposées, avait rapporté la journaliste Anaïs Crouts dans le "19/20 info", présenté le mardi 28 novembre 2023 par Barbara Klein (ex-CNews) sur Franceinfo : la première estimait que la bande, originaire d'un quartier populaire de Romans-sur-Isère (Drôme), se serait rendue à cette soirée avec une volonté d'en découdre quand une autre, celle défendue par les principaux suspects du meurtre de Thomas faisait donc état d'une bagarre improvisée pour un motif futile qui aurait mal tourné. C'était cette seule version qui avait été relayée par Patrick Cohen.
Attaqué par Stanislas Rigault (Reconquête !) dans "TPMP" et Jordan Bardella (Rassemblement national) sur Europe 1, Patrick Cohen avait reconnu sur le plateau de "C à vous" le 28 novembre 2023 dans un sujet de franceinfo : "Quand les réactions sont aussi vives et épidermiques, c'est qu'il manque toujours un peu de nuance". "Mais mon propos n'était pas d'établir une vérité définitive (ni) d'atténuer la gravité des faits", avait-il contrebalancé dans le même temps.
"L'idée était vraiment de pointer le décalage qu'il pouvait y avoir entre les discours politiques, cet espèce de fantasme d'une guerre civilisationnelle, d'un conflit ethnique, d'une France dressée l'une contre l'autre et la réalité de ce que l'on sait d'une enquête extrêmement complexe et d'une soirée qu'il est difficile encore de raconter", avait conclu Patrick Cohen.
Dans sa décision, l'Arcom a noté que "les déclarations signalées s'inscrivaient dans le cadre d'un éditorial épousant le parti pris engagé et assumé, bénéficiant ainsi d'une liberté d'expression accrue". "Pour autant, elle a considéré que certains propos, dénués de précautions oratoires et énoncés sur un mode déclaratif, ne satisfaisaient pas aux exigences de mesure, de rigueur et d'honnêteté (...) inscrite à l'article 35 du cahier des charges de la société France Télévisions", a indiqué le régulateur. Et de "demander à l'éditeur du service de faire preuve, à l'avenir, d'une vigilance accrue quant au respect des dispositions précitées, en particulier lorsque le sujet revêt une sensibilité particulière".
A noter que l'Arcom est également intervenue pour les mêmes raisons et la même thématique auprès de CNews après un édito de Pascal Praud dans "L'heure des pros" le 5 décembre 2023.