"Cinéma espagnol. L'extinction". C'est le nom de la longue et alarmante tribune publiée ce week-end par Pedro Almodóvar sur le site Infolibre.es. La star du cinéma espagnol dénonce de nouvelles coupes budgétaires qui mettent selon lui en péril le cinéma du pays.
Le réalisateur de "Tout sur ma mère" déplore une baisse de plus de 12% en un an du budget consacré à l'Institut de la Cinématographie et des Arts Audiovisuels (ICAA), décidée par le gouvernement de Mariano Rajoy qui avait déjà voté en 2012 une forte hausse de la TVA pour le secteur du cinéma (de 8 % à 21%). Fin 2012, le budget 2013 de l'ICAA avait déjà baissé de 23% par rapport à l'année précédente. L'opposition socialiste, à laquelle Almodóvar apporte ici son soutien, dénonce une chute de 58% en 3 ans des aides versées au milieu du cinéma.
"Toutes les prédictions faites à l'époque de cette hausse (de la TVA, ndlr), (que le public arrêterait d'aller au cinéma, que beaucoup de salles fermeraient), se sont vérifiées, sauf celles du gouvernement qui pensait augmenter ainsi ses recettes, écrit le cinéaste. Si le résultat est contraire à leurs prévisions : pourquoi les ministres du secteur et le gouvernement en général se montrent-ils aussi euphoriques ? Il ne peut y avoir qu'une seule réponse : parce qu'ils punissent le cinéma espagnol jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Parce que tout cela suit un rigoureux plan d'extermination."
Les coupes budgétaires sont dues, en partie, à l'important plan de rigueur auquel sont soumises les finances espagnoles. Mais le cinéaste espagnol accuse clairement le gouvernement de cacher des raison politiques. Il estime que la droite en veut au monde du cinéma de s'être mobilisé en 2003 contre la guerre en Irak, soutenue à l'époque par le conservateur José Maria Aznar.