France Télévisions accusé de partialité. L'attaque ne provient pas cette fois de candidats à la présidentielle, mais d'un collectif citoyen baptisé "#PasAvecMaRedevance". Sur les réseaux sociaux et dans une tribune au "Figaro", ce dernier dénonce depuis plusieurs jours la "partialité" de publications anciennes du compte Instagram de FranceTV Slash, le portail numérique à destination des jeunes de France Télévisions. De nombreux contenus sont jugés problématiques par le collectif qui, dans une pétition en ligne ayant recueilli pour l'instant près de 20.0000 signatures, milite pour que "France TV respecte son devoir d'impartialité et pluralisme".
Interrogé par "Le Point ", Arthur Monnet, à l'origine de la pétition du collectif, pointe par exemple du doigt une publication de juin 2020, peu après la mort de George Floyd, dans laquelle FranceTV Slash écrivait à destination de ses nombreux abonnés - près de 345.000 aujourd'hui : "Comment être un allié.e.s pour #BlackLivesMatter ? Il faut reconnaître son statut de privilégié". "On est sur une rhétorique qui est totalement issue de l'idéologie américaine qu'on appelle aujourd'hui 'woke', intersectionnelle et qui est donc très marquée politiquement. On est sur une injonction qui est faite par le service public à destination de très jeunes, qui peuvent avoir 12 ou 13 ans, de reconnaître ainsi leur statut de privilégiés blancs, sans aucun débat. Ce n'est pas du journalisme", attaque Arthur Monnet sur le site de l'hebdomadaire.
Autre publication à poser problème selon lui, un message Instagram, là-aussi de juin 2020, dans lequel FranceTV Slash ferait "un appel aux dons pour le comité 'Vérité pour Adama' d'Assa Traoré". "Ce comité qui permet de payer les frais de justice de la famille Traoré. Cela relève pratiquement de l'illégalité et est très marqué politiquement", tacle Arthur Monnet. Le jeune homme vise là une publication de la plateforme de France Télé relayant une vente en ligne de photographies dont "les bénéfices des ventes seront intégralement reversées au Comité Justice pour Adama". Autre contenu Instagram visé par le collectif, une vidéo de juin 2021 sur le "mois des fiertés" dans laquelle une journaliste de FranceTV Slash, Laetitia Limmois, estime notamment que "l'écriture inclusive est nécessaire dans la représentation de toutes les communautés" et "devrait être normalisé".
"En tant que groupe audiovisuel doté d'une mission de service public, France Télévisions doit conserver une stricte neutralité politique et respecter sur ses antennes le pluralisme de l'information, ainsi que l'expression pluraliste des courants de pensée et d'opinion", rappelle hier "Marianne" en citant la charte éthique du groupe public. Contactée par l'hebdomadaire hier, la direction des programmes de France Télévisions reconnaît des "erreurs" et "maladresses" sur FranceTV Slash, les justifiant par "les codes des plateformes, parfois expéditifs". "Nous veillerons bien évidemment à rectifier le cas échéant", assure-t-elle.
Désireux d'éviter toute récupération politique dans le contexte de la campagne présidentielle, Arthur Monnet affirme au "Point" croire en l'importance d'un service audiovisuel public, et à sa "mission particulière face aux autres médias". "Notre volonté, c'est de redonner sa mission au service public. Nous voulons une refondation profonde et urgente de la ligne éditoriale de FranceTV Slash", assure-t-il.
Une position différente de celle de Marine Le Pen et Eric Zemmour, qui veulent tous deux supprimer purement et simplement la contribution à l'audiovisuel public et privatiser France Télévisions et Radio France. "Les Français n'ont pas besoin de médias de gauche qui les détestent. Ils n'ont pas besoin de financer la propagande immigrationniste, woke et décoloniale de France Inter", a par exemple attaqué Eric Zemmour en meeting à Lille au début du mois. "Cette privatisation d'un audiovisuel public dont il est de toute façon de plus en plus difficile de distinguer la spécificité, permettra de consolider le secteur audiovisuel privé qui subit la concurrence de plateformes aux moyens considérables", avait pour sa part justifié Marine Le Pen en septembre 2021.