Une nouvelle aventure. Le mardi 12 octobre prochain, Pierre Ménès lancera une nouvelle plateforme numérique dédiée au football et baptisée "Pierrot Football Club", en partenariat avec Reworld Media, groupe de presse éditant de nombreux magazines comme "Closer" ou "Télé Star". Evincé de Canal+ après des accusations de sexisme et d'agressions sexuelles, le chroniqueur sportif se lance dans un nouveau projet et tourne la page de ses années au "Canal Football Club".
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : A quoi va ressembler cette plateforme "Pierrot Football Club" ?
Pierre Ménès : C'est un projet que j'avais depuis très longtemps. Je l'avais proposé au groupe Canal+, avec la collaboration de Vivendi. Ils n'avaient pas souhaité le faire. A l'époque, j'avais deux activités digitales. Le blog sur les débriefs de matchs et "Pierrot Face Cam" que j'enregistrais en studio le lundi midi. Toutes plateformes confondues, ce format faisait 1 million de vues par semaine en moyenne. Ainsi, ces deux formats seront sur la plateforme, avec des lives, des podcasts, des vidéos, des interviews. On est en train de tout mettre en place. Ce n'est que le début.
"Beaucoup d'émissions télés sont très aseptisées maintenant"
La plateforme sera-t-elle portée sur l'interactivité avec les internautes ?
Oui, bien sûr. C'est la base. Comme avec "Pierrot Face Cam". Même si ça ne s'appellera plus comme ça, car le nom appartient à Canal+. C'était des interactions avec les internautes car ils posent leurs questions en direct. Puis, on verra si on peut faire des lives vidéos avec des internautes. Après, il y a des choses que je ne maîtrise pas techniquement. Si on ouvre que le 12 octobre, c'est parce qu'on ne veut aucune faille sur le plan technique. J'imagine qu'il y aura un effet de curiosité et je ne veux pas décevoir les gens.
Serez-vous la seule incarnation de cette plateforme ?
Je serai l'incarnation principale, parce que ça s'appelle "Pierrot Football Club". Au début, nous aurons des invités qui viendront débattre avec moi. Puis, plus tard, on verra. Il faut que la plateforme génère des ressources. Comme elle est complètement gratuite, son modèle économique repose sur la publicité. Si on arrive à avoir de la pub, on prendra probablement et surtout des correspondants dans les clubs.
Est-ce que le secteur du commentaire dans le football n'est pas embouteillé ? Est-ce qu'il n'y en a pas trop ?
Non ! Au contraire, je pense qu'il y a de la place pour des aspérités et de la franchise. Beaucoup de choses à la télévision sont très aseptisées maintenant. Il y a beaucoup de gens qui me souhaitent du mal, mais il y en a aussi beaucoup à qui je manque. Evidemment, c'est à ceux-là que je vais m'adresser. Même si je suis convaincu qu'il y a des gens qui ne m'aiment pas qui me suivront. Quand j'ai été absent sept mois du "CFC" à cause de ma maladie, des gens m'ont envoyé : "Je ne t'aime pas, tu m'énerves. Mais ça me manque !".
"Collaborer avec d'autres médias ? A terme, ce serait possible !"
Comment s'est faite cette alliance avec Reworld Media ?
On avait eu un premier contact pour l'Euro. Evidemment, avec mon histoire, c'est tombé à l'eau. Mais le contact est resté. C'est une boîte qui aime bien les challenges et les challengers. On est tombé très vite d'accord. Aujourd'hui, c'est ma priorité absolue. J'ai quelques contacts avec des médias classiques et puissants. Mais ma priorité, c'est la plateforme.
Vous pourriez collaborer avec d'autres médias, à côté de la plateforme ?
Oui. A terme, ce serait possible. Il y a des pistes, mais c'est très informel. Aujourd'hui, je suis très concentré sur cette plateforme.
Et aller sur des plateformes comme Youtube ou Twitch ?
Le fait que j'ai "Pierrot Football Club" ne veut pas dire que je n'irai pas sur Twitch ou sur Youtube. Ce n'est pas incompatible.
"Je n'en veux pas à la terre entière. J'en veux à Hervé Mathoux"
Avez-vous eu des nouvelles de l'enquête interne diligentée après le documentaire de Marie Portolano mettant en cause votre comportement ?
Oui. Cette enquête n'a rien donné.
Après votre échange par médias interposés, avez-vous eu une discussion avec Hervé Mathoux ?
Non. Je n'ai pas envie d'envenimer la situation. J'ai envie de garder plus présent à l'esprit les 11 ans de bonheur que j'ai passés au "Canal Football Club". Je n'ai aucune rancoeur contre Canal. La seule chose que j'ai envie de répondre à Hervé Mathoux, c'est quand il dit que j'en veux à la terre entière. Ce n'est pas vrai. Je n'en veux pas à la terre entière. J'en veux à lui.
Vous avez quitté Canal+ avec un chèque que "L'Equipe" estime à 500.000 euros. Vous confirmez ?
Je ne peux rien dire. J'ai signé des accords de confidentialité avec Canal+. Je les respecterai scrupuleusement.
Aujourd'hui, vous avez donc tourné la page de Canal+ ?
Ca fait partie d'un passé douloureux. Je ne peux pas le nier. Je me dois de reprendre le travail. Aux gens qui m'apprécient, je leur dois de refiler mon avis et un produit de qualité.
Comment a réagi le milieu du football après ces accusations ?
Je n'ai jamais réclamé le soutien public de personne. D'abord parce que ça aurait été inaudible. On était au plein milieu d'un déchaînement de haine sans précédent. Ce qui me permet de constater que la présomption d'innocence en France, c'est de la merde. Moi, je constate juste qu'il n'y a pas eu d'enquêtes judiciaires, de plaintes et que l'enquête interne n'a rien donné. Visiblement, ce sont des arguments qui ne pèsent pas pour les gens qui me détestent. Je pars sur un nouveau projet. Je ne me suis pas exprimé pendant de longs mois, malgré tout ce qui s'est passé d'intéressant dans le football. D'ailleurs, je suis en train d'écrire un livre qui est une sorte de mise à jour sur cette période où j'avais des choses à dire et que je ne pouvais pas les dire. Canal+ m'avait demandé de ne pas m'exprimer. J'avais respecté jusqu'au bout les désirs de Canal.