Valéry Giscard d'Estaing est désormais visé par une enquête ouverte lundi 11 mai pour examiner la plainte d'une journaliste allemande qui l'accuse de lui avoir touché les fesses fin 2018, a annoncé hier le parquet de Paris. L'information de cette plainte avait été dévoilée le 6 mai par "Le Monde" et le quotidien allemand "Süddeutsche Zeitung".
Selon la professionnelle, les faits se seraient déroulés le 18 décembre 2018, lorsqu'elle a rencontré dans son bureau à Paris l'ex-président de la République pour un entretien consacré au 100e anniversaire de la naissance de l'ancien chancelier fédéral Helmut Schmidt, destiné à être diffusé sur la chaîne publique allemande WDR.
Si l'échange face caméra se serait déroulé sans anicroches, selon la plaignante, la situation aurait basculé à l'issue, lorsqu'elle a demandé à pouvoir faire une photo avec son cameraman et sa preneuse de son aux côtés de VGE. Ce dernier en aurait profité pour lui mettre à plusieurs reprises la main sur les fesses. "J'ai tenté de repousser la main de M. Giscard d'Estaing, sans toutefois y parvenir", affirme Ann-Kathrin Stracke dans sa plainte. Ne tenant visiblement pas à laisser partir son invitée tout de suite, Valéry Giscard d'Estaing aurait ensuite insisté pour lui faire découvrir des photos accrochées au mur le montrant en compagnie de responsables du monde entier. L'ex-chef de l'Etat aurait de nouveau eu des gestes déplacés en touchant les fesses de son interlocutrice, à tel point que son cameraman se serait senti obligé d'intervenir en laissant tomber un abat-jour pour faire diversion et en plaçant même une chaise entre les deux protagonistes.
De retour dans les locaux de la chaîne publique WDR à Cologne, Ann-Kathrin Stracke s'est émue des faits auprès de sa hiérarchie, qui a envoyé une lettre le 23 mai 2019 à l'ancien président de la République, dans laquelle on peut notamment lire : "Nous ne saurions tolérer que nos collaborateurs soient confrontés à de telles situations". Une lettre restée sans réponse. L'affaire a fait l'objet d'un rapport de 13 pages réalisé par un cabinet d'avocats, avec le témoignage de la victime présumée mais également du cameraman, qui a confirmé ses dires. Présente elle aussi, la preneuse de son a en revanche refusé de témoigner.
La journaliste a affirmé au "Monde" n'avoir pas songé à porter plainte dans un premier temps, avant de changer d'avis dans le sillage du mouvement de libération de la parole des femmes #MeToo. Contacté par "Le Monde" et par le quotidien allemand "Süddeutsche Zeitung", Olivier Revol, le directeur de cabinet de Valéry Giscard d'Estaing, assure que l'ancien chef de l'Etat ne se souvient pas de sa rencontre avec la journaliste et que c'est la première fois qu'il est visé par une telle plainte. "Si ce qui lui est reproché était vrai, il en serait bien sûr navré, mais il ne se souvient de rien", a résumé le responsable.