Les médias, cible fétiche des hommes politiques ? En France, Marine Le Pen se plaint de l'attitude des médias et du "système" à son encontre. Aux Etats-Unis, les Républicains emploient plus ou moins la même tactique. Le ton est en effet monté hier soir lors du débat qui opposait les quatre derniers candidats à la primaire républicaine pour l'élection présidentielle qui aura lieu cette année, quand le modérateur du débat a ouvert les hostilités en interrogeant Newt Gingrich sur sa vie privée.
John King, journaliste pour CNN, a en effet entamé la discussion en demandant au candidat républicain de réagir à sa situation personnelle : le même soir, quelques heures après le débat, ABC devrait en effet diffuser un reportage dans lequel l'ex-femme du candidat explique que, quand ils étaient encore mariés, Newt Gingrich lui aurait demandé que leur mariage soit libre et qu'ils puissent tous deux avoir des relations extra-conjugales.
Newt Gingrich a d'abord répondu qu'il ne souhaitait pas commenter cette question mais qu'il allait tout de même y répondre. Et c'est là qu'il s'est mis à attaquer tous les médias. "La nature destructrice, malveillante et négative de la plupart des médias d'information rend ce pays plus difficile à gouverner, décourage des gens bien de se présenter pour des élections et je suis consterné que vous entamiez un débat présidentiel sur un thème comme celui-ci", lance ainsi le candidat républicain, sous les applaudissements de la salle.
John King tente alors de se justifier et rappelle que c'est ABC News qui est derrière ce reportage, mais Newt Gingrich ne veut rien entendre et hausse le ton. "N'essayez pas de mettre la faute sur le dos de quelqu'un d'autre ! Vous et votre équipe avez choisi de commencer le débat sur cette question", répond-il, avant de s'en prend à tous les médias en général et de les accuser de partialité. "J'en ai assez de cette élite des médias qui protège Barack Obama et qui attaque les Républicains !", ajoute-t-il ainsi, recueillant là encore l'approbation du public présent.
Les trois autres candidats encore en course, Ron Paul, Rick Santorum et Mitt Romney, ont ensuite emboîté le pas à Newt Gingrich et ont à leur tour attaqué les médias, provoquant là encore une réaction très enthousiaste du public. Une fois le débat terminé, un analyste politique a réagi sur le plateau d'Anderson Cooper, toujours sur CNN, évoquant "un des moments les plus explosifs que l'on ait vus dans l'histoire des débats".
Au cours de la table ronde organisée par Anderson Cooper, John King, le modérateur du débat, a expliqué son choix d'interroger Newt Gingrich sur cette question. "Ca fait 25 ans que je suis journaliste politique. Je savais que si je lui posais la question, il ne serait pas content et il allait s'en prendre à moi. Je le savais. Mais j'ai malgré tout fait ce choix. Il était évident qu'il allait nous attaquer mais je ne le prends pas personnellement. Nous avons eu une discussion agréable après le débat, je le connais bien. On ne s'entend pas toujours lui et moi, mais je comprends comment fonctionne la politique", a-t-il affirmé.