Six candidats, plus de quatre millions de téléspectateurs et David Pujadas aux manettes. Hier soir, tous les candidats à la primaire PS se sont affrontés face aux Français en vue de la primaire socialiste. Une émission très suivie aussi par les journalistes politiques. Ce matin, ils livrent tous leur analyse, distribuent bons et mauvais points. Si une grande majorité de la presse parle d'un débat "sans éclat, sage et guindé", les candidats semblent avoir réussi leur pari : marquer leurs différences. Pas forcément sur le fond, principalement sur la forme.
Au JDD, carton plein pour Hollande. Tous les journalistes chargés de noter les candidats placent la prestation de l'ex-premier secrétaire du PS au-dessus du lot. "Il a imposé son autorité" note Bruno Jeudy. "C'était le plus à l'aise" renchérissent les journalistes du service politique. A Libé, on ne se mouille pas, on se contente de retranscrire les principales déclarations de six candidats "en quête de hauteur". "Adroit dans le débat, combatif à la limite de l'agressivité" note de son côté Le Parisien. "Au-dessus du lot" estime Alain Duhamel de RTL.
L'avis est plus nuancé du côté de L'Express pour qui personne n'a gagné, même si Hollande a réussi "une belle prestation, tout en équilibre". "Des trois "gros", Hollande, Aubry et Royal, le premier, favori, avait tout à perdre ; les deux autres, challengers, tout à gagner, note le site. Le premier n'a rien perdu ; les autres rien gagné. On peut résumer ce match nul : zéros à zéros, balle au centre".
Dans l'ordre des sondages, Martine Aubry apparaît seconde. Elle l'est aussi dans le verdict des éditorialistes. "Déterminée, volontaire dans son entrée en matière en début d'émission, le maire de Lille s'est montrée ensuite moins percutante" écrit Le Parisien. Pour Le Figaro qui ne décerne pas de lauriers, la prise de bec entre Hollande et Aubry a illustré "la rivalité sourde qui les opposait jusque-là".
Sylvie Pierre-Brossollette du Point estime qu'elle "a amélioré son image" grâce au débat. Et met en garde Nicolas Sarkozy : "Les six candidats de la compétition socialiste ont offert le spectacle d'une gauche responsable, prête à gouverner et, surtout, à ne pas se suicider avant l'arrivée en se divisant devant des millions de Français". Troisième sur le podium, Manuel Valls, jugé "efficace", posé, clair" par la plupart des journaux ce matin.
Arnaud Montebourg a, selon les avis, "brillé par son discours maîtrisé" ou est resté "palot et enfermé" sur sa spécialité, la démondialisation. "Montebourg a été conforme à son image atypique : différent, sa voix porte, mais décalé, il plafonne" note L'Express.
Quant à Ségolène Royal, elle a raté son grand oral à en croire toute la presse ce matin. "Un démarrage laborieux, tendu, qui ne se fluidie pas ensuite" note Le Parisien. "Elle a sorti ses vieilles recettes (...) Avec ses références à la campagne précédente, elle fait office d'ancien combattant" juge Le JDD. Alain Duhamel n'y va pas avec le dos de la cuillière, la jugeant carrément "sur une autre planète". "Elle avait l'air de ne pas comprendre ce qu'elle faisait encore là, cinq après, comme si elle ne parvenait pas à masquer la déception de devoir recommencer à convaincre les siens qu'elle est bien la meilleure" renchérit Jean-Michel Aphatie sur son blog. Mais pour l'intervieweur de RTL, personne n'a gagné hier soir, "l'écoute de chacun est trop subjective pour livrer un verdict".