Dans le bingo des César, tous souhaitent cocher la case : "Raphaël Quenard remporte 3 César". Et pour cause, depuis quelques mois, son nom est sur toutes les lèvres. En plus de sa personnalité atypique, son accent particulier et sa diction méticuleuse, ce dernier manie les expressions et la syntaxe tel un vrai amoureux de la langue française. Ce vendredi 23 février, l'acteur de "Cash" est nommé dans 3 catégories lors de la célèbre cérémonie de récompenses : meilleur acteur pour "Yannick", révélation masculine pour "Chien de la casse" et meilleur film de court-métrage pour "L'Acteur, ou la surprenante vertu de l'incompréhension".
Avant de faire tourner toutes les têtes des réalisateurs français et réalisatrices françaises, Raphaël Quenard a grandi en Isère, près de Grenoble. Loin de la jet-set parisienne et de l'art cinématographique, il réfléchit à intégrer une école militaire, enchaîne finalement sur un master de chimie puis s'intéresse à la politique. Il devient alors attaché parlementaire de la députée (PS) de Savoie, Bernadette Laclais. Mais happé par le monde artistique, il quitte ce rôle au bout de six mois.
Pour réussir dans le milieu artistique, Raphaël Quenard déménage à Paris. Arrivé dans la Ville lumière, il passe son temps au cinéma, dans des théâtres et obtient de petits rôles dans des courts-métrages amateurs. Il suit les cours de Jean-Laurent Cochet et intègre l'association Mille Visages qui aide les jeunes à auditionner pour des castings. Il obtient alors un premier rôle à la télévision, dans la série "HP".
L'ascension continue pour le jeune acteur qui accepte de nombreux rôles secondaires dans plusieurs films comme, "Coupez !" de Michel Hazanavicius, "Les Olympiades" de Jacques Audiard, ou encore "Fragile" d'Emma Benestan. Mais aussi "Madibules" et "Fumer fait tousser" de Quentin Dupieux , une rencontre qui lui fera atteindre des sommets.
Arrive 2023, année de la consécration. Si le public l'avait seulement aperçu dans de petits rôles auparavant, décelant certaines qualités d'acteur, il va maintenant découvrir tout le potentiel du comédien. Le 29 mars, il apparaît à la fin du long-métrage de Jeanne Henry, "Je verrais toujours vos visages", lors d'une scène bouleversante où il joue le frère d'Adèle Exarchopoulos qui a abusé d'elle.
Peu de temps après, Jean-Baptiste Durand dévoile son premier long-métrage, "Chien de la casse" avec Raphaël Quenard pour interpréter Mirales, le protagoniste. Pour avoir ce rôle, le jeune acteur raconte au "Parisien" qu'il a dû redoubler de patience, insistant auprès du réalisateur pour obtenir une audition : "Je faisais tout pour convaincre Jean-Baptiste Durand de m'auditionner, mais il m'ajournait sans cesse. Finalement, nous avons eu une alchimie de dingue, une vraie connexion, on est de la même génération, on a grandi en province...".
Il apparaît ensuite dans le catalogue Netflix avec "Cash". Mais c'est pour une réalisation peu attendue que le comédien atteindra des sommets. Le 2 août 2023, Quentin Dupieux dévoile son énième film, "Yannick". Un huis clos dans lequel le jeu d'acteur de Raphaël Quenard épate le public. Une performance remarquable dans un rôle que le cinéaste a concocté spécialement pour lui.
Depuis, le comédien ne s'arrête plus et croule sous les propositions. Il serait à l'affiche de six films à venir. Quentin Dupieux lui a déjà réservé une place dans son prochain long-métrage : "À notre beau métier". Il joue aussi dans la réalisation de Gilles Lellouche "L'Amour ouf".
Mais ce tourbillon d'attention n'a pas l'air de déstabiliser l'acteur : "Je reste focalisé sur le travail, la lecture, je mène ma petite vie tranquillement. Je n'ai pas envie de me disperser dans une forme de futilité ou d'inconséquence", confie Raphaël Quenard au "Parisien". Une phrase très sage pour celui qui attire désormais tous les regards.