Ce ne sera pas une soirée comme les autres. Ce vendredi 23 février, tout le gratin du cinéma français se réunit à Paris dans la mythique salle de l'Olympia à l'occasion de la 49e cérémonie des César. Retransmise en direct et en clair sur Canal+ à partir de 20h45, cette soirée de remise de prix s'annonce inoubliable. Voici pourquoi il ne faut pas la rater.
C'est une grande habituée des César. Maîtresse de cérémonie en 2006, 2007 et 2010, Valérie Lemercier officiera cette fois-ci en tant que présidente du jury. Comme le veut la tradition pour cette position honorifique, elle devrait ouvrir la cérémonie par un discours. Puis elle aura pour tâche de clôre la soirée, en remettant le César du meilleur film. Lauréate de trois César, la comédienne et réalisatrice a reçu en 2022 le prix de la meilleure actrice pour son film "Aline", dans lequel elle incarnait une chanteuse inspirée de Céline Dion. Un film pour lequel elle avait également reçu une nomination pour la meilleure réalisation. La comédienne rejoint donc une longue liste d'acteurs et actrices légendaires à occuper cette fonction, et succède à Tahar Rahim , président du jury en 2023.
Ce ne sera pas un, pas deux, pas trois, mais une quinzaine de personnalités vont animer la cérémonie. Comme l'année dernière, des comédiens et comédiennes se relaieront sur scène pour présenter les catégories. Parmi eux, on retrouve des habitués comme Dany Boon , Juliette Binoche, Diane Kruger ,Bérénice Bejo , ou encore Benoît Magimel , César du meilleur acteur en 2023. À noter également la présence de Jean-Pascal Zadi et du jeune humoriste Paul Mirabel, stars de la bande-annonce de l'événement.
Déjà présent l'année précédente - il avait alors ouvert la cérémonie - Jamel Debbouze sera une nouvelle fois sur scène pour offrir un des deux César d'honneur de la soirée : le premier sera attribué à l'actrice et scénariste Agnès Jaoui, à l'affiche des films "Le Dernier des Juifs" de Noé Debré et "La Vie de ma mère" de Julien Carpentier. Le deuxième sera offert au réalisateur américano-britannique Christopher Nolan, dont le film "Oppenheimer", l'un des grands favoris des Oscars, concourt également pour le César du meilleur film étranger.
C'est du jamais vu. Inconnu du grand public il y a à peine un an, Raphaël Quenard a raflé pas moins de trois nominations aux César cette année. Le comédien et réalisateur de 32 ans est nommé pour la statuette du meilleur acteur pour "Yannick" de Quentin Dupieux mais aussi de la révélation masculine pour "Chien de la casse" de Jean-Baptiste Durand. Enfin, il est également nommé pour le prix du meilleur court-métrage documentaire pour "L'Acteur ou la surprenante vertu de l'incompréhension" dont il est le co-réalisateur avec Hugo David. En cas de trois victoires sur trois, le comédien a déjà promis qu'il fera une "queue leu leu" dans Paris. "Je m'engage à faire trois fois le tour de l'Arc de Triomphe en compagnie de mon associé et acolyte Hugo David et ainsi qu'en compagnie d'une tripotée d'artistes. Et de démarrer une queue leu leu depuis l'Arc de Triomphe et qui s'arrêtera quand les invités et les convives et les citoyens qui voudront bien s'y joindre finiront par se lasser" a-t-il assuré le 5 février dernier au micro de l'Académie. On a hâte de voir ça.
Et c'est encore du jamais vu. Pour la toute première fois de l'histoire des César, quatre actrices sont nommées pour le prix du meilleur second rôle pour un seul et unique film, "Je verrai toujours vos visages", réalisé par Jeanne Herry. Il s'agit de Leïla Bekhti, Miou-Miou, Élodie Bouchez et Adèle Exarchopoulos. La cinquième nommée dans cette catégorie est Galatéa Bellugi pour le film "Chien de la casse". C'est donc 4 chances sur 5 pour le film de remporter la prestigieuse statuette.
Jamais deux sans trois, nous sommes à nouveau ici dans du jamais vu. Cette année, les frères Samuel et Paul Kircher sont tous les deux nommés dans la catégorie "révélation masculine" pour deux films différents. Paul, déjà nommé dans cette catégorie l'année dernière pour "Le Lycéen", est à nouveau sélectionné pour son rôle dans"Le Règne animal" de Thomas Cailley, qui domine la soirée avec 12 nominations. Il devra donc concourir face à son petit frère Samuel, sélectionné dans la même catégorie pour son rôle dans "l'Été dernier" de Catherine Breillat, où il joue un ado sous l'emprise de sa belle-mère. Les deux jeunes acteurs font décidément partie de la famille du cinéma, puisque ce sont les fils des comédiens Jérôme Kircher et Irène Jacob.
Ce serait une prise de parole historique. Entre deux remises de prix,Judith Godrèche pourrait monter sur scène pour s'exprimer. Si rien n'est encore confirmé, l'actrice et réalisatrice pourrait prononcer un discours sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma. Début février, la cinéaste, qui s'est exprimée dans les médias sur l'omerta et la complaisance du milieu, a porté plainte "viol sur mineur de moins de 15 ans" contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Elle pourrait être également accompagnée par l'actrice Isild Le Besco, qui accuse également Benoît Jacquot de violences psychologiques ou physiques, alors qu'elle avait 16 ans, et lui, 53. Les deux actrices accusent le cinéaste, avec qui elles ont été en relation à l'adolescence, "d'emprise". Les deux hommes de cinéma nient les faits.
Paillettes à l'intérieur, pancartes à l'extérieur. Pour soutenir les prises de parole contre les violences faites aux femmes dans le cinéma, la CGT Spectacle a appelé mercredi à un rassemblement devant l'Olympia, sous le slogan "Les violences, ça suffit". "Judith Godrèche a le courage de nous parler d'une histoire de violence. De son histoire ! L'histoire de tant d'autres femmes qui, de plus en plus, racontent l'emprise qu'exercent certains hommes sur elles, les violences sexistes et sexuelles qu'elles ont subies dans un environnement professionnel", écrit le syndicat dans un communiqué. "Si des intervenants ne sont pas prévus dans le conducteur, hors remettants, hors gagnants, on coupera l'antenne" a prévenu Gérald-Brice Viret, directeur général des antennes et des programmes de Canal+ au micro de Thomas Isle sur Europe 1. Puremedias.com vous propose de visionner la séquence dans la vidéo ci-dessus.
D'autres fédérations syndicales et associations féministes devraient les rejoindre, comme le collectif 50/50 ou la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs français). Une mobilisation qui rappelle celle de 2020 devant la salle Pleyel, alors que le réalisateur Roman Polanski , accusé de viols et d'agressions sexuelles par plusieurs femmes, dont certaines étaient mineures au moment des faits, était récompensé pour son film "J'accuse". L'actriceAdèle Haenel avait alors quitté la salle en s'exclamant "la honte", un épisode qui avait amené l'Académie à entamer un chantier de renouvellement au sein de l'institution.
Sera-t-elle chahutée par les humoristes qui passeront sur scène ? Nommée ministre de la Culture en janvier dans le nouveau gouvernement de Gabriel Attal sous l'étonnement général, Rachida Dati fera acte de présence pour la première fois lors de la cérémonie. Sa prédécesseure, Rima Abdul-Malak, avait été la cible d'un savoureux sketch de Jérôme Commandeur, qui avait multiplié les vannes, prétendant ne pas avoir reconnu la locataire de la rue de Valois à l'entrée. "Vous avez une notoriété en devenir" lui avait-il notamment asséné, sous l'hilarité de la salle, dont la principale intéressée.
Mais le principal point de friction reste le film "Anatomie d'une chute" de Justine Triet, grand favori de la soirée. À Cannes, lors de son discours de remerciement pour la Palme d'or, la réalisatrice avait critiqué la réforme des retraites, et fustigé la "marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend". Des propos qualifiés d'"injustes" par la désormais ex-ministre de la Culture. À l'époque, l'Élysée n'avait envoyé aucun message de félicitations à Justine Triet, comme il est de coutume pour un film français. Le gouvernement a seulement brisé son silence en janvier, lorsque le long-métrage a remporté deux Golden Globes, le mettant en bonne position pour les Oscars, où il est nommé dans cinq catégories, dont celle du meilleur film. "Ce film m'a bouleversée" a déclaré Rachida Dati sur France Inter début février, prête à refaire la réputation du gouvernement. "C'est sa liberté d'expression. Elle est artiste. Elle en a encore plus le droit" a-t-elle estimé sur le discours de la cinéaste.
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