Le 8 février dernier, elle expliquait au "Monde" ne "pas être prête à évoquer cette histoire dans la presse". Ce jeudi 22 février, l'actrice Isild Le Besco a décidé de surmonter cet obstacle en témoignant auprès du "Parisien" contre le cinéaste Benoît Jacquot. Dans les colonnes du quotidien, elle revient sur la relation qu'elle a eue avec le réalisateur français, rencontrée sur le tournage de "Sade". À l'époque elle avait 16 ans et lui 53 ans.
Derrière l'apparence trompeuse de leur relation, l'actrice évoque aujourd'hui "une emprise destructrice, une perte de soi. Des violences psychologiques surtout". Elle parle aussi de violences physiques, sous le coup de la colère. À l'âge de 16 ans, Isild le Besco commençait à se construire en tant que femme.
Cette emprise du réalisateur plus âgé a alors eu des conséquences sur sa propre personnalité : "Ce qui est très grave, c'est que, comme j'ai vécu cette relation à 16 ans, cela a été constitutif de ma personnalité. Une emprise engendre d'autres emprises ". Elle raconte alors avoir vécu des choses encore plus graves, étant prête à s'écraser pour quelqu'un : "Une grande partie de ma vie a été gâchée".
Prendre conscience de cette emprise n'a pas été simple pour Isild Le Besco. Au "Parisien", elle raconte avoir fait un black-out et sans en avoir conscience, elle racontait cette emprise à travers ses films : "Dans "Charly", je mets en scène une jeune femme qui accueille un ado de 14 ans et lui explique quoi dire, quoi faire et finit par le violer. (...) C'est comme si mes films étaient les négatifs de ce que mon corps a enregistré".
À 17 ans, elle rencontre Jacques Doillon, autre réalisateur français accusé par Judith Godrèche de "viols et violences sur mineur de 15 ans". Dans les colonnes du "Parisien" elle explique avoir été virée d'un film après avoir refusée ses avances : "Il m'a pillé littéralement et pas seulement mon travail".
Si Isild le Besco a décidé de raconter son histoire aujourd'hui c'est grâce aux autres témoignages. "Je crois sincèrement que, plus on parle, plus les violences seront vécues et perçues comme telles, plus les abus seront dénoncés et pourront cesser. Et plus la voix de toutes les femmes sera entendue".
Si elle n'a pas encore porté plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, elle avoue au "Parisien" vouloir le faire bientôt. Vendredi 23 février, Judith Godrèche prendra la parole sur cette affaire lors de la cérémonie des César, une décision encouragée par la réalisatrice de "La Belle Occasion".