Pour le sixième jour consécutif, Radio France est en grève. Ce matin, les antennes du groupe ont été de nouveau fortement perturbées par ce mouvement lancé par des syndicats inquiets des conséquences du plan d'économies de 50 millions d'euros dont la direction du groupe discute actuellement de l'ampleur avec l'Etat. Comme c'est le cas depuis jeudi dernier, les matinales de France Inter, de France Info, de France Culture et de France Musique ont été remplacées par de longues sessions musicales, entrecoupées par de courts flashs d'information. Selon la direction, la grève a été suivie ce matin par 225 personnes (contre 180 hier) sur un effectif total de 3.001, soit un taux de participation de 7,5%.
En interne, cette grève commence à peser sur les esprits. "C'est scandaleux, l'antenne est prise en otage pour quelques techniciens en grève", s'agace ce matin une journaliste de France Inter. Il faut dire que les programmes sont généralement annulés à la dernière minute, puisque les grévistes n'ont pas à se déclarer à l'avance. Leur absence est découverte lors de leur prise de service, ce qui oblige les journalistes et présentateurs à préparer quand même leurs émissions au cas où... et à décommander invités et chroniqueurs au dernier moment si leurs techniciens sont indisponibles.
Ces perturbations inquiètent également les états-majors des stations qui redoutent leurs conséquences sur la prochaine vague d'audience. Car ces deux dernières semaines du mois de mars constituent la dernière quinzaine prise en compte par Médiamétrie pour les audiences janvier/mars, publiées le mercredi 15 avril.
Le groupe, qui avait enregistré une belle rentrée en septembre/octobre et en novembre/décembre, se prépare déjà à voir ses audiences décliner. "La grève va sans doute faire perdre tout le travail effectué depuis la rentrée pour être première matinale de France", estime une voix de la matinale qui se souvient de la chute de la station en janvier 2013 après plusieurs semaines de grève. "L'interruption partielle des programmes sur la dernière semaine de mesures devrait annuler les fortes audiences enregistrées début janvier lors des attentats", explique-t-on dans une autre radio.
Selon un spécialiste, en six jours, les radios publiques ont perdu au moins 0,2 point de PDA. Un chiffre qui doublera si le mouvement continue jusqu'à la fin de la semaine. RTL et Europe 1 devraient récupérer la majeure partie des habitués des radios publiques comme cela avait été le cas en janvier 2013. RTL pourrait ainsi reprendre le leadership entre 7h et 9h et Europe 1 reprendre des couleurs après une rentrée difficile.