C'est officiel : Desireless et Mademoiselle Montebourg n'y arriveront jamais. Elles auront beau dire "on a tout essayé", elles ne nous les feront jamais oublier. Zemmour et Naulleau, les Astérix et Obélix du PAF, ont déserté. Et on n'a plus que nos yeux pour pleurer.
Regarder France 2 le samedi soir cette saison, c'est un peu comme sortir avec quelqu'un de très sympa qu'on n'aimera jamais parce qu'on est toujours amoureux de son ex. Il sera là, il parlera, mais on ne l'écoutera pas. On ne voudra qu'une chose : ne pas être dans ces bras-là. On n'est pas couché, en effet : on va passer des nuits entières à regretter.
Quelle drôle d'idée d'avoir viré Minus et Cortex, Monsieur Laurent Ruquier... Il est prêt à jurer qu'on ne l'a pas obligé à les débarquer mais on est en droit de se demander si Zemmour et Naulleau ne se sont pas fait stéphaneguilloniser. Comme lui, ils se sont fait zapper. Direction Paris Première, un cimetière télévisé même pas sur la TNT. Depuis, Natacha Polony et Audrey Pulvar ont pris leur place pour faire entrer les accusés. Mais c'est elles qui mériteraient d'être fustigées.
Questions indigentes, attaques frontales et guérillas verbales : Polovar est un chroniqueur kosovar. Les deux comparses auront beau jouer à clash-clash, on saura toujours où les trouver : au fond du panier. Zemmour et Naulleau, eux, étaient supérieurs. Dans tous les sens du terme. Élitistes jusqu'au vertige et aussi violents que l'ouragan Katrina, les deux tueurs s'en sont donné à coeur joie pendant des années. Cali ? Calmé. Nicolas Bedos ? Humilié. Francis Lalanne ? Atomisé ! Mais on leur pardonnait. Parce que leur immense culture les rendait légitimes, à défaut d'être humains. Leur mépris était sublime, parce qu'il était éclairé. Comble de cette cruauté lettrée : Naulleau violentait parfois en vers les invités. Zemmour, quand il ne s'étouffait pas de rire parce que Jonathan Lambert portait une perruque, était bluffant d'intelligence. Il lisait Hugo. Il vénérait Bonaparte. L'Ancien Empire était son péché mignon. Autant dire qu'il venait de la Quatrième Dimension. Peu importe que certains le pensent misogyne, homophobe ou plus à droite que Jean-Marie Le Pen, il était devenu l'ennemi mortel du politiquement correct. Traité de con par Dominique Voynet et de porc par Patrice Leconte, Zemmour rayonnait. Eric² était un agitateur, un perturbateur, comme Jean-Pascal. Zemmeau était un monstre, fille d'Arrogance et d'Erudition : une forme d'extrémisme politico-culturel baroque et fascinante.
Pragmatique et poétique, l'anglais est la langue la plus fun du monde. Pour parler du nouveau duo pas du tout choc, on emploierait volontiers l'expression "to fill somebody's shoes" : succéder à quelqu'un. Zemmour et Naulleau étaient des pointures. Zemmour, acéré et toisant, était une bottine cloutée Jimmy Choo. Naulleau, vipérin et sanguin, était un escarpin python Louboutin. Pulvar et Polony, elles, sont des charentaises inconfortables qui nous mettent mal à l'aise. Quand elles donnent des coups de latte à Christophe, elles ne sont pas crédibles. Le blond vénitien à fleur de peau est visiblement trop fragile pour un lynchage médiatique. Mais il n'a pas vraiment tort, même s'il en fait des tonnes, lorsqu'il affirme que Natacha Polony et Audrey Pulvar se font une réputation sur son dos. On ne sait pas quelle est la plus grande tragédienne des trois mais une chose est sûre : les nouvelles recrues s'acharnent. On pourrait faire la même chose en ironisant sur les lunettes pare-brise d'Audrey Pulvar ou la coupe de Natacha Polony - tellement loupée qu'on dirait du Tony & Guy. On se contentera de dire que les deux femmes n'ont pas peur des conflits d'intérêts. On pensera ce qu'on voudra de Ségolène Royal : elle ne méritait pas de se faire pulvarisé par la compagne de son ennemi politique (Bonjour la collusion : Naffisatou Diallo dans "Sept sur Sept" c'est pour quand?). Et Hondelatte se serait fait étriller car il aurait critiqué le mari gastronome de Polony. C'est "On n'est pas couché", "Scènes de ménages" ou "Un dîner presque parfait" ?
On leur accordera une chose : les deux chiennes de garde sont bardées de diplômes. Polony a fait Sciences Po et elle est agrégée (mais que sont les agrégés à part des singes savants mal habillés ?) et Pulvar était major de promo de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Paris (mais bon, Jean-Pierre Pernaut est journaliste, lui aussi...). Peu importe le cursus, seul le charisme compte. Les deux nouvelles, qui ressemblent déjà aux deux vieux de la loge-balcon du Muppet Show, n'ont pas l'intelligence télévisuelle de leurs brillants prédécesseurs. Ils s'étaient construit des rôles sur mesure. Ils s'étaient inventés et, ce faisant, ils avaient maté cette bête sauvage qu'on appelle le show-biz. Polony et Pulvar, trublions malgré elles, n'ont pas fini de se faire dévorer.
La semaine prochaine, dans l'Eddyto, vous découvrirez que "Le Roi Lion" est le meilleur film de tous les temps.
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