Conserver une longueur d'avance et continuer à cultiver sa spécificité. Tels sont les piliers sur lesquels Arte entend s'appuyer pour la saison 2019/2020 qui débute. Lors de la conférence de presse de rentrée de la chaîne franco-allemande, organisée jeudi à Paris, les différents responsables qui se sont succédé sur scène, à commencer par Véronique Cayla, présidente d'Arte France, n'ont pas manqué de mettre en avant les différentes innovations dont ils ne sont pas peu fiers.
France Télévisions s'apprête à proposer en avant-première chaque matin sur son site les programmes du soir ? Arte le fait depuis deux ans. La série britannique "Peaky Blinders" est disponible sur Netflix ? Arte l'a faite découvrir en premier au public français en 2015 et diffusera la saison 5 début octobre, période à laquelle les nouveaux épisodes seront disponibles sur la plateforme américaine. Enfin, à l'heure où la télévision commence à découvrir les vertus du podcast, la chaîne a investi ce domaine voilà 17 ans grâce à Arte Radio.
Paradoxalement, ce qui peut ressembler de l'extérieur à une course de fond pour conserver une longueur d'avance sur la concurrence s'apparente davantage en interne à une éloge de la lenteur. "Plus une société va vite, moins elle imprime, plus elle oublie", a ainsi lancé Véronique Cayla dès les premières minutes de la présentation presse.
Cette saison, le vaisseau amiral de cette stratégie destinée en premier lieu à "ceux qui ne regardent plus la télévision comme leurs aînés", autrement dit, le public jeune, restera donc le site Arte.tv, avec une offre disponible sur la durée. Un site qui, du point de vue de la chaîne, constitue un "média à part entière", "avec sa propre temporalité et sa propre ligne éditoriale". "Vous connaissiez Arte+7 ? Aujourd'hui, nous vous offrons très régulièrement Arte-7 et Arte +30. Pour certains documentaires, c'est Arte+60 et parfois même, dans des cas exceptionnels, Arte+730, soit deux ans !", a résumé Véronique Cayla. Selon cette dernière, la diffusion en ligne anticipée de fictions et de séries compte désormais pour près d'un tiers de leur audience globale. Sur un an, pas moins de 78 millions de vidéos ont été vues en ligne, soit une hausse de 40% sur un an.
"Arte est prête à aller jusqu'au bout de sa révolution copernicienne sans jamais renier ce qu'elle est", a résumé Véronique Cayla. Cela passera aussi par le développement d'une plateforme au niveau européen, qui n'en est pour l'heure qu'à ses prémices et verra Arte, France Télévisions et les allemandes ARD et ZDF proposer une offre commune.
Côté contenus, le programme de cette année, développé par Bruno Patino, directeur éditorial d'Arte France, s'annonce une fois de plus riche et exigeant. Sur le numérique, Arte mise beaucoup sur "Gloomy Eyes", une fiction interactive en réalité virtuelle, récompensée par de nombreux prix, avec un narrateur de luxe : l'acteur Tahar Rahim. Disponible cet automne, cette animation en 3D temps réel suit les aventures d'une petite fille et d'un enfant zombie dans un monde privé de soleil.
En complément du numérique où Arte est la seule à proposer une offre aussi riche en la matière, le cinéma continuera d'occuper une place de choix à l'antenne, avec cinq soirées dédiées par semaine et des cycles thématiques tels que ceux consacrés à François Ozon, Philippe Garrel ou Jean-Louis Trintignant. Côté séries, la chaîne mise beaucoup sur "Mytho", qui a reçu lors de la dernière édition de Séries Mania le prix du public et le prix d'interprétation féminine pour Marina Hands, actrice qui fait pour l'occasion ses premiers pas dans une série. Dans le rôle d'une mère et épouse dévouée qui s'invente une maladie pour retrouver l'attention de sa famille, elle donnera la réplique à Mathieu Demy.
Diffusion prévue les 10 et 17 octobre prochains et dès le 3 octobre sur Arte.tv. Chose rare pour cette série créée par Anne Berest et Fabrice Gobert ("Les Revenants"), une saison 2 a déjà été commandée avant même sa diffusion. Il faudra aussi compter cette saison sur "L'agent immobilier", avec Mathieu Amalric et Eddy Mitchell et sur "Kidnapping", série franco-danoise créée par le scénariste de "The Killing", avec Charlotte Rampling. Les unitaires verront se succéder un cast tout aussi prestigieux, d'Alice Taglioni dans "Noces d'or" à Sara Giraudeau dans "Si tu vois ma mère", en passant par Nicolas Duvauchelle dans "La forêt d'argent" ou encore Line Renaud et Romane Bohringer dans "Huguette". Concerts - "Arte Concert" fête ses 10 ans avec Iggy Pop, Lomepal, Quincy Jones... - et documentaires complèteront cette offre pléthorique.