Une enquête journalistique débouchant sur une sanction. Comme le rapporte l'AFP, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a infligé mercredi 28 juillet une amende administrative de 400.000 euros à l'agrochimiste Monsanto. Il est reproché au géant américain d'avoir fiché illégalement des personnalités publiques, journalistes, militants et responsables politique, dans le but d'influencer le débat public sur l'interdiction du glyphosate.
Le gendarme français des données personnelles, destinataire de sept plaintes "émanant notamment de personnes concernées par ce fichier" reproche à la société d'avoir manqué à son obligation d'information des personnes fichées. Ces dernières n'ont ainsi appris l'existence de ce traitement de données que lors de sa révélation par les médias, en mai 2019.
L'affaire a été mis sur place publique par une enquête du "Monde" et de "L'Œil du 20 heures" de France 2. Selon les investigations des journalistes, le fichier en question contenait pour chacune des "plus de 200 personnalités" inscrites dans le fichier, une "note allant de 1 à 5" permettant "d'évaluer son influence, sa crédibilité et son soutien à la société Monsanto sur divers sujets tels que les pesticides ou les organismes génétiquement modifiés".
Propriétaire de Monsanto depuis 2018, le groupe Bayer a préféré rejeter la faute sur l'agence de communication dont Monsanto était client, Fleishman Hillard. "Ceux qui avaient l'expertise, c'était le cabinet de lobbying. C'est eux qui avaient l'obligation d'informer les personnes, quand bien même le fichier était au bénéfice final de Monsanto", a ainsi déclaré Yann Padova, avocat de Bayer-Monsanto, à l'AFP. Le géant allemand de la chimie et de la pharmaceutique a d'ailleurs mis un terme "jusqu'à nouvel ordre" à sa collaboration en matière de communication avec l'agence Fleishman Hillard, qui avait établi ces fichiers pour le compte de sa filiale américaine.