RFI et France 24 n'émettront plus au Mali. La Haute autorité de la communication du pays a confirmé, ce mercredi, la suspension, en vigueur depuis le 17 mars dernier, des deux médias français. "Le régulateur malien vient de prononcer une décision qui prive de façon définitive RFI et France 24 de leur autorisation de diffusion au Mali, et par là-même les Maliens de leur droit à s'informer librement", a déploré le groupe France Médias Monde, maison mère de RFI et France 24, dans un communiqué.
Face à cette décision qu'elle considère "infondée et arbitraire", France Médias Monde a "fait savoir son intention d'utiliser toutes les voies de recours possibles". Juridiquement, le groupe dirigé par Marie-Christine Saragosse retient en premier lieu "un vice de procédure" dans la coupure "brutale, unilatérale le 17 mars, préalable à toute mise en demeure et/ou toute sanction". La mise en demeure n'a, en effet, été notifiée aux deux médias que le 28 mars.
Le groupe "engage aussi une action en diffamation en France et au Mali, à la suite de la publication du communiqué du 16 mars 2022 ayant annoncé la suspension de ses médias, dans lequel le gouvernement malien compare les agissements supposés de RFI et France 24 'aux pratiques et au rôle tristement célèbres de la radio Mille collines'". Cette radio a encouragé le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.
France Médias Monde entend, en conclusion, bien poursuivre "sa mission d'informer" et "continuera à traiter l'actualité du Mali, qui intéresse l'Afrique toute entière comme le reste du monde, et notamment la communauté malienne en France". "Au Mali, toutes les solutions techniques seront déployées pour rendre accessibles RFI et France 24 aux Maliens et aux Maliennes qui souhaitent continuer à suivre une information libre, experte et ouverte sur le monde", insiste le groupe.
La junte malienne avait décidé, dans la nuit du 16 au 17 mars 2022, de suspendre les deux chaînes du groupe France Médias Monde, "sur le réseau FM pour RFI et par les opérateurs qui distribuent la télévision sur place pour France 24", a précisé le groupe à l'AFP. RFI restait, toujours selon le groupe, néanmoins "accessible par 'ondes courtes', un moyen technique très utilisé en Afrique notamment par les populations éloignées des grandes villes", tout comme France 24 "par réception satellitaire directe".
Leur tort, selon le gouvernement, aurait été de rapporter de "fausses allégations" d'exactions commises par l'armée malienne. Le gouvernement fait référence à un reportage diffusé les 14 et 15 mars, dans lequel RFI a donné la parole à des victimes présumées d'exactions commises par l'armée malienne et le groupe privé russe Wagner. France Médias Monde avait réagi par la suite en déplorant que cette décision du Mali avait été prise sur la base "d'accusations infondées".
Cette privation de diffusion de RFI et France 24 par les autorités maliennes est un signe supplémentaire de l'escalade des tensions entre Paris et Bamako. Sur fond de crise diplomatique avec Bamako, Paris a annoncé en février le retrait de ses soldats déployés au Mali, opération devant être achevée cet été.
La France a appelé ce jeudi la junte au pouvoir au Mali à "reconsidérer" sa décision après la suspension définitive de l'autorisation de diffusion dans ce pays des médias français RFI et France 24, faisant part de sa "vive préoccupation".