Interview
Rio Mavuba (TF1) : "Le buzz peut faire mal aux joueurs et à leur famille"
Publié le 18 novembre 2022 à 15:20
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Dans la cadre de la série "La sélection de Puremédias", Rio Mavuba, consultant sportif pour TF1, nous a accordé un entretien.
Bande-annonce de la Coupe du monde de football sur TF1 © Thomas Braut / TF1
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La voix de la sagesse du football français. Dans quelques jours, la Coupe du monde de football donnera son coup d'envoi au Qatar. A cette occasion, puremedias.com propose tout au long de la semaine une série d'entretiens, baptisée "La sélection de Puremédias". Plusieurs anciens joueurs de football ont accepté de se plier à l'exercice de l'interview afin d'évoquer le rendez-vous sportif, mais également donner leur vision du métier de consultant sportif.

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Une reconversion réussie ! Fils d'une ancienne star zaïroise, qui a participé à la Coupe du monde de 1974, Ricky Mavuba, Rio Mavuba a été formé aux Girondins de Bordeaux, club avec lequel il a joué plus de 150 matchs. Après un passage en Espagne à Villareal, le milieu de terrain a conquis le coeur des Lillois en s'imposant au sein de l'effectif de l'équipe du Nord de la France. Cet ancien international a raccroché ses crampons à l'âge de 34 ans et s'est immédiatement reconverti en consultant en 2018, d'abord sur les antennes du groupe Altice.

Présent sur l'offre Ligue 1 de Free et dans "Téléfoot" sur la première chaîne, celui qui a la particularité d'être né sur une pirogue en fuyant la guerre civile angolaise, donnera de la voix durant toute la Coupe du monde à l'antenne de TF1 au sein de l'équipe de Denis Brogniart. En marge d'un entraînement avec des Girondins de Bordeaux, dont il est le coach de la "pré-formation", Rio Mavuba a accordé une interview à puremedias.com.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

Partie Coupe du monde

puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde de football devant la télévision ?
Rio Mavuba
: Ce n'est pas 1998. Je sais que c'est bizarre. Pourtant, j'avais 14 ans. J'étais déjà un peu grand. C'est davantage 1994. J'étais petit. J'étais passionné par l'équipe du Brésil de l'époque. Elle me faisait rêver, avec Romario et Bebeto. Ca m'avait beaucoup marqué.

"Il n'y a pas beaucoup de monde qui peut s'asseoir à la table de la France" Rio Mavuba

Et le pire souvenir ?
On ne va pas remuer le couteau dans la plaie. Mais la Coupe du monde de 2010, c'était horrible.

Quelle sera la nation surprise de cette Coupe du monde ?
Au départ, je pensais beaucoup au Sénégal. Maintenant, je ne sais pas ce que ça va se donner avec Sadio Mané qui est blessé. C'est un élément-clé de cette équipe. A voir... Sinon, je pense que le Portugal peut faire un truc. Je trouve qu'on n'en parle pas comme un favori. Mais j'estime que c'est un gros outsider.

Quel joueur va faire rêver les téléspectateurs durant la compétition ?
Neymar. Il est en bonne forme. Il arrive à un âge où il va devoir prouver des choses. Je pense qu'il peut être très performant sur cette Coupe du monde.

Pensez-vous que l'équipe de France peut à nouveau gagner la Coupe du monde ?
J'y crois, sincèrement, malgré les blessures et cette statistique qui dit que le tenant du titre est éliminé lors des matchs de poule. Je pense qu'il y a vraiment une possibilité. Certes, on est n'est pas favori. Mais ce qui donne de l'espoir, c'est les joueurs offensifs. Il n'y a pas beaucoup de monde qui peut s'asseoir à la table de la France et avoir le même potentiel et les mêmes talents.

"On est obligé de prêter attention aux sujets sensibles concernant le Qatar" Rio Mavuba
Partie médias

En tant que consultant sur TF1, comment préparez-vous cette Coupe du monde ?
Je suis un peu excité. C'est la première Coupe du monde que je vais faire en tant que consultant. J'avais déjà commenté de la Ligue des champions, de la Ligue Europa, du championnat anglais et de la Ligue 1. Là, c'est une autre compétition. Je vais être beaucoup dans la recherche. Je vais étudier pas mal les équipes. Dans une Coupe du monde, il y a toujours beaucoup de joueurs que l'on ne connaît pas forcément.

Avec toutes les problématiques qu'il y a autour du Qatar, est-ce plus difficile pour un consultant de se préparer à cet événement ?
Il y a des sujets sensibles et importants qui ont été évoqués et qui sont présents autour de ce pays qui reçoit la Coupe du monde. Forcément qu'on est obligé d'y prêter attention. Mais dans la préparation, à proprement dit, du consultant, on reste informé sur ce qu'il se passe. Et concernant les matchs de football, ça ne va pas changer notre manière d'analyser et de commenter. Il y aura certainement des éléments à prendre en compte. Par exemple, des joueurs ou des nations qui refusent de porter le brassard multicolore. Il y a ceux qui essayeront, à travers le football, de faire passer des messages car ils n'étaient pas pour cette Coupe du monde au Qatar. Ce sont plus de petites choses qu'on ne devra pas occulter.

"Un bon consultant, c'est celui qui donne un avis juste et correct, sans arrière-pensée" Rio Mavuba

Avez-vous le sentiment d'avoir plus de liberté en plateau qu'un journaliste pour analyser le football ?
Je ne sais pas si je peux avoir plus de liberté. Liberté est un grand mot. Je pense qu'on a tous une liberté de parole et qu'on peut tous exprimer notre opinion. En revanche, il y a des choses que j'ai pu vivre et que d'autres n'ont pas vécues. Ca me donne une légitimité pour aborder certains sujets. Mon passé d'ancien joueur ne me donne toutefois pas plus de droits qu'une autre personne. Mon métier est d'apporter des informations par rapport à ce que j'ai pu vivre en tant que joueur, sur le terrain ou dans un vestiaire. Mais, moi, je donne autant de crédit à un journaliste qu'à un consultant. Après, il y a de bons consultants et il y en a des moins bons. Il y a des bons journalistes et il y en a des moins bons.

Mais faut-il être clivant pour être un bon consultant ?
Pour moi, pas forcément. Chacun choisit sa voie. Il y a des consultants qui vivent à travers ça, qui en ont peut-être besoin. Ce n'est pas mon cas. Je ne suis pas là-dedans. J'essaye d'être dans l'analyse et d'être dans le respect des hommes. C'est important. Il ne faut pas oublier qu'on a été des joueurs. Il y a des choses qu'on n'a pas appréciées de la part des médias. A partir du moment où on est sincère lorsqu'on donne notre avis footballistique, sans aucune arrière-pensée et sans aucun intérêt, moi, je suis d'accord sur les analyses qui peuvent être dures. Mais ce qui est très compliqué quand on est journaliste ou consultant, c'est qu'on n'a pas les consignes d'avant-match des coachs. On juge des choses alors qu'on ne sait même pas ce qui est demandé. Par exemple, un latéral, si on estime qu'il doit prendre le couloir, mais que l'entraîneur veut qu'il reste derrière, nous, dans notre analyse, on va dire qu'il ne prend pas assez le couloir, alors qu'il n'a fait que suivre les consignes. C'est pour ça que c'est compliqué. Donc, pour moi, un bon consultant, c'est celui qui donne un avis juste et correct, sans arrière-pensée. Par moments, je me suis retrouvé à donner mon opinion sur des joueurs avec qui j'avais joué. Je ne le disais pas dans le but de les critiquer. Par exemple, Lucas Digne, avec qui je m'entendais bien, je me suis retrouvé à donner une opinion pas forcément positive sur l'un de ses matchs. Mais je respecte toujours l'homme. C'est la performance qui est jugée.

"Malheureusement, on vit dans une société où le buzz passe avant tout" Rio Mavuba

Quand vous étiez joueur, quelle était votre vision de la presse ?
Les journalistes qui sont justes et corrects, moi, ça allait. Je n'ai jamais eu de soucis particuliers avec la presse. J'ai longtemps été capitaine. Dans mon rôle, j'ai souvent été confronté à la presse. J'ai été mis en avant et j'ai dû défendre le groupe. J'ai toujours été conscient qu'on ne peut pas avoir toujours une bonne relation ou de bons articles sur nous. Franchement, je n'ai pas de relations particulières. Parfois, je lisais ce qui pouvait être écrit sur nous. Parfois non. Très rapidement, j'ai compris les rouages. J'ai vu que certains sont proches de certains joueurs ou agents. Là-dessus, c'est un monde qui est particulier. C'est un système. Aujourd'hui, j'ai l'expérience. Je fais attention à qui je parle et comment je m'exprime. Et quand je le fais, c'est avec sincérité.

Comment un joueur de football résiste-t-il à la pression médiatique ?
Aujourd'hui, les joueurs actuels ont une donnée qu'ils doivent prendre en compte : c'est qu'il y a une plus grande visibilité du football, à travers les médias. Avec ce nombre croissant de médias, de réseaux sociaux et de plateformes, parlant de football et des joueurs, ça devient très compliqué pour eux. On ne sait plus à qui on peut faire confiance et ce que recherchent les gens. A présent, malheureusement, on vit dans une société où le buzz passe avant tout. On se rend compte même qu'il y a des buzz sur des choses qui sont fausses. Et les gens ne retiennent que le buzz qui a été fait. Jamais ils se souviennent du rectificatif. Ca peut faire mal aux joueurs, à leur entourage et à leur famille.

Pensiez-vous devenir consultant sportif lorsque vous étiez joueur professionnel ?
Non ! Pas du tout ! Je ne pensais pas à ça. Quand j'ai arrêté ma carrière, j'ai eu cette offre du groupe Altice et j'ai rejoint RMC. J'ai basculé rapidement. C'était un test pour moi. Ca m'a plu. En parallèle, j'ai passé mes diplômes d'entraîneur. J'entraîne aujourd'hui aux Girondins avec la pré-formation. Ce métier m'a plu car j'aime bien être dans l'analyse. Puis, c'est complémentaire à mon métier d'entraîneur parce qu'on apprend beaucoup de choses en étant consultant. On voit des choses qu'on ne voyait pas quand on était joueur. C'est une analyse plus globale du match et même une réflexion sur les entraîneurs. J'ai beaucoup pris de plaisir à être consultant ou commentateur. J'apprécie vraiment... J'ai peut-être eu la chance de ne tomber que sur de bons binômes ! (rires) Et aujourd'hui, j'essaye encore de progression et de m'améliorer !

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