Toute la journée, Roselyne Bachelot est l'invitée spéciale de puremedias.com. Chroniqueuse sur D8 depuis deux ans dans "Le Grand 8" avec Laurence Ferrari, l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy a-t-elle réussi sa reconversion cathodique ? Première partie de ce grand entretien.
Propos recueillis par Julien Bellver et Benoît Daragon.
Vous êtes sur D8 depuis deux ans. A aucun moment vous n'avez regretté d'avoir changé de métier et de vie ?
A aucun moment ! Mon départ de la politique n'a pas été contraint. Trop souvent les hommes ou les femmes politiques partent sur un échec, un abandon. Mon père rappelait souvent une phrase de Louis Vallon : "La politique, c'est comme un hamac, on a beaucoup de mal à monter dedans, on est balloté quand on y arrive et en général on finit par se casser la gueule". Je suis une épicurienne, je considère la vie comme une coupe de fruits, il faut les déguster les uns après les autres. L'important est que le suc des fruits coule le long de votre bouche.
Quand on vous demande quel est votre métier, que répondez-vous ?
Mon métier, c'est chroniqueuse animatrice, c'est ce que je fais dans "Le Grand 8" et dans l'émission de Cyril Hanouna le vendredi sur Europe 1. J'ai arrêté ma fonction d'éditorialiste sur i-TELE parce que travailler le week-end ne correspondait pas à mes engagements familiaux, personnels et affectifs. J'ai passé l'âge d'être là, à me bagarrer contre tout le monde. Je veux aussi profiter de la vie !
Vous ne vous considérez pas comme une journaliste...
Je fais un travail de journaliste, je n'ai jamais revendiqué d'avoir la carte de presse. Je ne veux pas m'élever au-dessus de ma condition (rires).
Vous avez fait le choix du divertissement, plus que de l'information.
Je me sens tout à fait capable de faire un travail de journaliste. On ne fait pas un travail de journaliste parce qu'on a une carte de presse ! Et certains journalistes font aussi du divertissement.
Le spectacle de la télévision a l'air de vous plaire. C'est le cas ?
Oui, je m'amuse dans ce que je fais mais il faut être très professionnel. Il n'y a rien de plus facile à faire que de mettre deux philosophes ennuyeux comme la pluie devant une caméra, de les faire commenter doctement et dire qu'on fait de la télévision intellectuelle. Le divertissement à la télévision, c'est peut-être ce qu'il y a de plus dur à faire. C'est ce challenge qui me plaît.
Les codes de la télévision, vous les connaissiez parfaitement avant d'en faire votre métier, non ?
On m'a beaucoup dit que ça allait être facile pour moi, que j'avais mon rond de serviette un peu partout. Mais ce n'est pas du tout le même métier d'être interviewée et d'être intervieweur. J'avais eu beaucoup de propositions, c'est vrai. Mais j'ai choisi D8 car c'était une aventure qui commençait, j'avais le sentiment que j'allais apprendre, que je n'allais pas tomber dans quelque chose où il y avait des forteresses, des gens qui savaient, qui étaient là depuis des dizaines d'années et qui allaient me regarder comme un corps étranger. Quand on a la chance de commencer une émission avec Alain Contrepas comme producteur, dans une équipe où il y a Laurence Ferrari et Audrey Pulvar, on ne fait pas de la sous-télé. J'ai été dans une conjuguaison de la nouveauté et de l'expérience, c'est pour ça que j'ai appris vite ! Et puis j'ai peut-être quelques qualités personnelles (rires)...
Si ce n'était pas le cas, l'aventure se serait vite arrêtée pour vous !
On vit dans un monde de cruauté, oui. On l'a vu et les choses ne s'arrangent pas dans un PAF où les luttes sont évidentes.
Le sens de la provocation propre à la télévision, vous l'avez travaillé ?
Le côté ludique, spectacle et provocant me plaît. Je suis une femme libre. Je me méfie toujours des gens qui font payer leur sérieux par quelque chose de violent sur les autres. Néanmoins je suis une très grosse travailleuse.
C'est du travail la télé ?
Oh oui ! J'arrive à 8h, tous les matins, au siège de D8. Je bosse mes sujets, j'ai des fiches, je rentre le soir et je vais voir des spectacles que je n'aurais jamais eu l'idée de voir avant pour l'émission. Je suis un pur produit culture, j'aime l'opéra, les livres que personne ne lit. Avec cette émission de divertissement, j'ai découvert beaucoup de choses que je trouve formidables. Je fais même une revue de presse people tous les lundis, j'avoue que je ne lisais jamais cette presse ! Je vais donc les acheter et ça m'amuse beaucoup. Rien que pour voir la tronche de mon kiosquier quand je vais acheter ces revues... (rires).
François Fillon, votre ami, a récemment dit qu'il était content pour vous car il vous sentait heureuse depuis que vous faites de la télévision. Vous êtiez malheureuse en politique ?
Je ne vais pas dire que j'étais malheureuse, il y a tellement de gens qui souffrent dans ce pays. Vivre dans les palais de la République en faisant quelque chose de passionnant, il y a pire, ce serait indécent. Mais il y a de très, très grandes souffrances dans le monde de la politique. Souffrances pour vous et pour les autres, ceux que vous aimez. C'est la souffrance la plus intime que j'ai ressentie. Quand vous êtes dans la politique, vous avez un paquet global : beaucoup d'attaques, beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de satisfactions. Tandis que ceux que vous aimez n'ont que le paquet de cailloux. Cette souffrance, je ne suis jamais arrivée à la gérer. J'ai fait ma première campagne électorale en 1977, je pense avoir bien servi la République.
Il était temps de passer à autre chose ?
Evidemment ! On se lasse de vous, on ne fait que dire que les carrières politiques dans notre pays sont trop longues. C'est vrai ! On a trop de professionnels dans la politique. On vient de sortir d'une semaine de retour (de Nicolas Sarkozy, ndlr), on a l'impression que c'est tout le temps comme ça la politique, un perpétuel retour. Et puis on a plusieurs vies, je suis comme le chat de Mahomet.
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