Toute la journée, Roselyne Bachelot est l'invitée spéciale de puremedias.com. Dans la dernière partie de cette interview, la chroniqueuse sur D8 dans "Le Grand 8" deLaurence Ferrari, revient sur ce qu'elle aime ou non à la télévision !
Propos recueillis par Julien Bellver et Benoît Daragon.
puremedias.com : Comment la professionnelle des médias que vous êtes devenue a trouvé Laurent Delahousse face à Nicolas Sarkozy ?
Roselyne Bachelot : Il n'a pas été à son meilleur face à Nicolas Sarkozy, c'est certain. Et pour s'en rendre compte, il suffisait de le regarder deux jours plus tard face à Brigitte Bardot. Son interview était nettement meilleure. Le format de "Un jour, un destin" est beaucoup plus son truc. Cependant, on a été extrêmement critique sur les réseaux sociaux à son égard. Je reste indulgente étant donné la pression qui était sur lui et la façon dont Nicolas Sarkozy a abordé par la violence cette interview.
Il y a une question non posée à Nicolas Sarkozy que vous auriez aimé lui poser ?
Je l'aurais relancé sur le mariage homosexuel. "Monsieur Sarkozy, vous, personnellement, vous qui avez suivi cette question depuis 20 ans, vous pensez quoi ?" et puis j'aurais exigé un droit de suite sur l'affaire Bygmalion. Quand on voit comment les journalistes américains interrogent les politiques, il aurait été en miettes.
Est-il devenu un objet médiatique dont on parle plus de la forme que du fond ?
Oui. Nicolas Sarkozy, c'est le Cyril Hanouna de la politique !
Vous aimeriez le recevoir, Nicolas Sarkozy dans "Le Grand 8" ou dans votre nouveau talk-show ?
"Le Grand 8" n'a pas vraiment le format adéquat pour faire une interview politique de cette envergure mais il est volontiers l'invité du "Grand 8" ! Nicolas, si tu nous lis, ca me plairait beaucoup de te recevoir ! C'est une des personnalités les plus éclatantes de la vie politique française - mais aussi de la vie politique internationale. Nicolas Sarkozy, à cause de ses innombrables défauts, a d'immenses qualités.
Puisqu'on parlait de présentateur de JT, vous êtes plutôt Gilles Bouleau, David Pujadas ou Laurent Delahousse ?
Honnêtement, je ne regarde pas beaucoup les 20 Heures car je suis rarement rentrée à cette heure-là. Je vais surtout sur les chaînes d'info en continu en général, et i-TELE en particulier. J'aime bien les 20 Heures mais sans être désagréable, pour moi le présentateur compte assez peu, je suis plus sensible à la facon de faire les reportages et au choix des sujets qu'au présentateur.
Vous suivez beaucoup l'actualité ?
Oui sur les chaînes info, sur Internet et sur Twitter. Je lis avec attention ce qu'écrivent les gens ! Je dis toujours que tous les twittos ne sont pas pervers mais tous les pervers sont sur Twitter ! (rires)
Et en radio le matin ?
J'ai mes habitudes ! Je suis une fana de RTL depuis l'époque où elle s'appelait Radio Luxembourg ! C'est une tradition familiale. Mon père (le résistant et député gaulliste Jean Narquin, ndlr) disait toujours que, quand on fait de la politique et qu'on veut savoir ce que pensent les Français, il faut écouter RTL. Et j'aime Yves Calvi qui est un journaliste formidable.
Quand vous étiez ministre vous préfériez aller plutôt chez Jean-Michel Aphatie, Patrick Cohen, Jean-Pierre Elkabbach ou Jean-Jacques Bourdin ?
Peu importe ! Chaque fois que j'ai été mauvaise dans une interview, j'ai toujours pensé que je ne le devais qu'à moi-même. Par exemple, je n'en ai jamais voulu à Jean-Michel Aphatie de m'avoir demandé si Jacques Chirac portait un appareil auditif. Je n'ai pas été assez méfiante alors que je savais très bien qu'il pose toujours la question qui tue dans la dernière minute. J'ai quitté le gouvernement à cause de cette histoire mais c'est moi qui suis tombée dans le piège. Lui, il a simplement fait son boulot.
Pourtant les hommes politique ne pensent pas tous comme ça... On sait que Nicolas Sarkozy n'aime pas beaucoup les journalistes...
Les politiques n'ont pas tous des rapports sains avec les journalistes politiques en général, et avec les grands interviewers des matinales en particulier. Ils sont soit dans une position de connivence, tellement bien décrite par Bourdieu, soit ils les considèrent comme des opposants. Or, un journaliste, ce n'est ni un ami ni un ennemi. C'est quelqu'un qui fait son boulot. Mon père m'avait dit "un journaliste n'est pas ton ami, c'est son honneur de ne pas l'être". Il m'avait aussi dit qu'on n'avait jamais raison face un journaliste et qu'il ne fallait pas se donner la peine de répondre quand on était vilipendé car ça aggravait la situation. Et, enfin, il m'avait aussi donné une troisième consigne... mais je ne suis pas sûre que je dois vous le dire... (rires) Il disait que la plupart des journalistes étaient des paresseux qui aimaient bien qu'on leur mâche leur travail ! (rires)
Les journalistes n'ont jamais été durs avec vous ?
Non, l'acharnement est davantage venu des réseaux sociaux qui sont parfois bien moins informés que les journalistes.
Les Français regardent la télévision trois heures par jour - et vous ?
Plus que ça ! Je regarde de l'information et je zappe très vite sur Mezzo que je peux regarder jusqu'à deux ou trois heures du matin ! Dans mon lit, je regarde Jonas Kaufmann chanter l'air final de "Lohengrin" et j'applaudis toute seule à la fin ! (rires)
Et les séries ?
Oui, j'ai adoré "House of Cards", évidemment ! J'ai regardé en avant-première la deuxième saison "Des hommes de l'ombre" avec Carole Bouquet et j'ai trouvé ça savoureux, surtout les nombreuses références à l'actualité avec l'agence de communication baptisée Pygmalion ! (rires)
On a beaucoup parlé de LCI ces dernières semaines. Que pensez-vous de la fermeture de la chaîne ?
Le CSA, autorité indépendante, a pris la bonne décision. Contrairement à ce qui a été dit, il n'y a pas que deux chaînes d'info en France ! Dieu merci, de l'info, il y en a sur toutes les chaînes, à la radio, dans la presse, sur Internet... J'ai vu que les dirigeants de la chaîne avaient refusé les propositions de reprises et je n'ai pas très bien compris pourquoi... Maintenant, c'est à TF1 d'assurer l'avenir des salariés de LCI, en espérant que personne ne reste sur le carreau.
> P1 : "Sur D8, on ne fait pas de la sous-télé"
> P2 : "L'amitié entre les filles du 'Grand 8', c'est pas du chiqué"
> P3 : "Les propos de Nicolas Sarkozy sur le mariage pour tous sont choquants !"