Respectivement interdits en Russie depuis les 5 et 14 mars, Facebook et Instagram ont été bannis par un tribunal russe, ce lundi. "Nous accédons à la requête du Parquet d'interdire les activités de la compagnie Meta", a déclaré la juge, selon les agences de presse.
La Justice a suivi l'avis des services de sécurité qui considèrent Meta, la maison mère de ces deux réseaux sociaux, comme "une organisation extrémiste". Pendant l'audience, un porte-parole du FSB a assuré à la juge que "les activités de Meta sont dirigées contre la Russie et ses forces armées. Nous demandons son interdiction et l'obligation d'appliquer cette mesure immédiatement". Un procureur a lui aussi demandé l'interdiction de Meta, "en raison de signes manifestes d'activité extrémiste".
L'application de messagerie WhatsApp, elle aussi détenue par Meta et utilisée par 67 millions de Russes, n'est pas concernée par cette mesure. Selon "Numérama", "rien ne dit cependant que cette autorisation pour WhatsApp perdurera, car il s'agit bien du groupe entier qui a été déclaré 'extrémiste'. De même, rien n'a été annoncé pour Occulus, une autre entreprise appartenant à Meta".
Cette décision intervient à peine plus de dix jours après que le groupe Meta a procédé à la modification de ses règles de modération. Reuters a révélé, en effet, que depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les réseaux sociaux de Mark Zuckerberg autorisent les appels à la violence quand ceux-ci visent les Russes. "Dans le cadre de la guerre en Ukraine, le groupe Meta permet aux utilisateurs des réseaux sociaux Facebook et Instagram d'appeler à la violence contre les Russes et les soldats russes", a ainsi pu lire Reuters dans des mails échangés en interne.
Pour Meta, il s'agissait de respecter la libre expression politique de populations subissant une invasion militaire. Moscou a considéré, de son côté, que Meta mettait en danger les citoyens russes en laissant passer des appels au meurtre. Le blocage d'Instagram a été décrété, ainsi qu'une action judiciaire pour qualifier Meta d'organisation extrémiste, rappelle "Le Figaro". Le groupe américain a revu sa politique de modération en n'autorisant que les Ukrainiens à exprimer leur haine de l'envahisseur, et en rappelant que la russophobie était interdite sur sa plateforme. Mais Moscou s'est montré inflexible.
La Russie avait aussi déjà pris des mesures contre le réseau social Facebook, devenu inaccessible après que sa maison mère a bloqué en Europe les comptes des médias russes RT et Sputnik. Twitter a subi la même sanction. YouTube pourrait être le prochain sur la liste. Le régulateur russe a taxé vendredi le géant américain Google et son service vidéo d'activités "terroristes".
Selon Roskomnadzor, le gendarme russe des télécoms, des utilisateurs de YouTube "diffusent des publicités avec des appels à mettre hors service les communications ferroviaires de la Russie et du Biélorussie". "Les activités de l'administration de YouTube sont de nature terroriste et menacent la vie et la santé des citoyens russes", a affirmé Roskomnadzor, cité par l'agence de presse Interfax.