Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a révélé, ce lundi 4 décembre 2023 dans "Le face-à-face" sur BFMTV, que Ruth Elkrief serait dorénavant placée sous protection policière sans préciser sur quel fondement celle-ci a été déclenchée. Cette annonce intervient au lendemain d'un nouveau tweet hostile aux journalistes de Jean-Luc Mélenchon, ciblant nommément l'éditorialiste de LCI.
"M. Mélenchon est dans l'irresponsabilité. J'ai vu (comment il s'est) comporté avec votre (consoeur) Ruth Elkrief", a débuté Gérald Darmanin avant qu'Apolline de Malherbe, ancienne collègue d'antenne de Ruth Elkrief sur BFMTV, ne lise le tweet du troisième homme de l'élection présidentielle 2022.
"Jean-Luc Mélenchon l'a nommément ciblée (ce dimanche 3 décembre 2023, ndlr) sur les réseaux sociaux. Je lis (son) tweet : 'Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n'injurie pas les musulmans, cette fanatique s'indigne. Quelle honte ! Bravo Manuel Bompard pour la réplique. Elkrief réduit toute la vie politique à son mépris des musulmans'".
Gérald Darmanin d'enchaîner : "Je pense que vous avez utilisé le mot. Il met une cible dans le dos de Mme Elkrief". Face à ces "menaces de M. Mélenchon et d'autres" et au "déchaînement de haine sur Internet", "j'ai décidé de remettre une protection policière à votre consoeur", a annoncé dans la foulée le locataire de la place Beauvau à Apolline de Malherbe.
"Voilà où on en est dans le comportement irresponsable de La France insoumise. (Il nécessite de) protéger de façon policière des journalistes 24 heures sur 24 parce qu'on leur met des cibles dans le dos", a-t-il conclu. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Le tweet de Jean-Luc Mélenchon fait référence à un passage de "L'événement du dimanche", présenté par Marie Chantrait hier sur LCI. Ruth Elkrief a fait réagir Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône, tenus la veille, place de la République à Paris, par celui dont il fut le directeur de campagne. À la tribune, devant une foule acquise à sa cause, Jean-Luc Mélenchon a parlé de "prémices de génocide" de civils palestiniens par Israël de Benjamin Netanyahu. Avant de lancer : "Vive Gaza, gloire éternelle à ceux qui résistent !".
"Voilà 'Vive Gaza', 'Vive la résistance', 'génocide'... Est-ce que ce sont des mots qui encouragent à la paix civile ?", l'a interrogé Ruth Elkrief. "Avant de passer l'extrait, vous avez affirmé des choses qui sont totalement fausses", a dans un premier temps rétorqué le coordinateur national de La France insoumise afin de "corriger les mensonges que vous avez proférés". S'en est suivi un échange tendu entre les deux interlocuteurs.
Pour résumer la "position constante" de La France insoumise (LFI) sur la question, Ruth Elkrief a introduit l'extrait de la prise de parole de Jean-Luc Mélenchon de la manière suivante : "Vous n'avez pas reconnu le caractère terroriste de l'attaque (d'Israël par le Hamas) du 7 octobre. Vous n'avez pas montré d'empathie particulière pour les otages (...) pour les femmes violées et mutilées (par le Hamas)".
Depuis ce tweet que Jean-Luc Mélenchon n'a pas retiré, plusieurs entreprises de presse et journalistes ont exprimé leur soutien à Ruth Elkrief. "Le groupe TF1 soutient fermement Ruth Elkrief et déplore vivement les invectives odieuses et insinuations déplacées dont elle est l'objet", a tweeté, par exemple, l'employeur de l'éditorialiste politique de LCI.
"Soutien à Ruth Elkrief et Patrick Cohen. Notre liberté et notre démocratie dépendent de la liberté de la presse", a ajouté Philippe Corbé, directeur de la rédaction de BFMTV et ancien collègue de Ruth Elkrief au service politique. Patrick Cohen, éditorialiste politique de "C à vous" sur France 5, a, en effet, fait lui aussi l'objet de menaces signées de l'extrême droite et plus précisément des identitaires des Natifs, à l'origine d'un rassemblement devant le Panthéon à Paris, ce samedi 2 décembre 2023.
L'ancien matinalier de France Inter et Europe 1 avait été critiqué après son édito du 27 novembre, consacré à la récupération politique qui a suivi le meurtre de Thomas à Créol dans la Drôme. Il avait convenu, le lendemain, avoir fait preuve d'un "manque de nuance".