Un signe de contre-performance ? Depuis sa création il y a plus d'un an maintenant par TF1, France Télévisions et M6, Salto refuse de communiquer son nombre d'abonnés. Seule Delphine Ernotte, interviewée le 12 janvier sur France Inter, s'est risquée à une estimation. "Salto est jeune. Elle démarre, elle progresse. Ce n'est pas à moi de donner les chiffres mais on doit être autour de 700.000 abonnés", avait-elle affirmé, sans plus de précision sur la part d'abonnés payants ou gratuits à la plateforme hexagonale de SVOD.
Sur les 700.000 abonnés, évoqués par la présidente de France Télévisions, la plateforme ne réussirait en fait à en retenir que 500.000 une fois écoulé le premier mois d'abonnement offert, selon une information de "Capital", publiée ce vendredi. "Un score très éloigné de son plan d'affaires initial, qui prévoyait plus de 1 million d'abonnés fin 2021, commente le journal. Preuve supplémentaire que la plateforme peine pour l'instant à convaincre les consommateurs de vidéos à la demande, Salto n'a, en novembre 2021, touché que 8,4% de ce public, autant que SFR Club Vidéo et BrutX, selon les données du Centre national du cinéma (CNC).
Comme le relatait puremedias.com en décembre, les faibles moyens financiers et la distribution limitée de la plateforme tricolore peuvent en partie expliquer ce faible taux de pénétration. Salto a en effet émergé sur le marché ultra-concurrentiel de la SVOD avec un budget ultra-modeste. Quelques dizaines de millions d'euros par an (250 millions d'euros sur trois ans, selon "Capital"), contre 17 milliards de dollars engagés par le leader américain Netflix et 30 milliards par Disney. De quoi réduire fortement sa capacité à proposer une offre de programmes exclusifs. Selon "Capital", ces derniers ne représenteraient ainsi que 1,7% des 15.000 heures de programmes disponibles sur Salto. La plateforme n'est en outre pas encore parvenue pour l'instant à nouer des partenariats de distribution via les box, hormis avec Bouygues.
Invité par puremedias.com à commenter le nombre d'abonnés payants à la plateforme avancé par "Capital", Salto n'a pas souhaité le faire Le service préfère se focaliser sur "la dynamique enclenchée" par l'acquisition en exclusivité du reboot de "Sex and the City" ou des retrouvailles de "Harry Potter". Si les chiffres sont confirmés, "dans le contexte, c'est un très bon résultat pour un service non 'packagé' dans des bundles. Bravo !", s'est pour sa part réjoui sur Twitter, Manuel Alduy, directeur du cinéma et du développement international à France Télévisions.
Si le groupe public continue d'afficher son soutien à la plateforme, France Télévisions pourrait quitter le navire dans les mois qui viennent. Delphine Ernotte, qui entend "concentrer (ses) efforts sur france.tv", n'a en effet pas caché son intention de revendre ses parts dans Salto en cas de fusion entre TF1 et M6, deux actionnaires qui renforcent eux aussi leur offre sur le non-linéaire avec MyTF1MAX et 6play.
"Arrivé peut-être un petit peu trop tard" sur le marché de la vidéo à la demande par abonnement (VàDA), Salto a "un vrai rattrapage à faire" car son parc d'abonnés se situe à un niveau insuffisant, a confirmé ce jeudi Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann, lors d'une audition de la commission d'enquête du Sénat sur la concentration dans les médias, comme le rapporte "Les Échos". Le propriétaire de M6 plaide en faveur de plus de synergies entre Salto et ses actionnaires, notamment en matière de programmes. "La seule carte à jouer" pour accélérer les investissements selon lui.