Enfin un chiffre ! Invitée ce matin de Léa Salamé sur France Inter, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a pour la première fois accepté de briser le silence autour du nombre d'abonnés à la plateforme Salto, qu'elle co-dirige avec TF1 et M6. "Salto est jeune. Elle démarre, elle progresse. Ce n'est pas à moi de donner les chiffres mais on doit être autour de 700.000 abonnés", a-t-elle affirmé, sans plus de précision sur la part d'abonnés payants ou gratuits. Ce chiffre est encore loin de l'objectif que se serait fixé Salto pour 2021, à savoir conquérir 1 million d'abonnés, selon "Capital". Il est cependant supérieur aux estimations données par la presse jusque-là : entre 300.000 et 400.000 abonnés payants à l'été 2021. "Je crois en ce projet. Je maintiens que Salto a un avenir", a tenu à ajouter Delphine Ernotte.
Au cours de son entretien, la patronne de France Télévisions a aussi fait part de son inquiétude face aux attaques visant les audiovisuels publics en Europe. "Il y a un vent mauvais qui souffle", a-t-elle assuré, dénonçant l'augmentation des "violences physiques" contre les journalistes. "Les médias publics sont des piliers de la démocraties" et "des moyens de lutter contre cette dispersion de l'information et ces réseaux sociaux qui nous enferment dans des bulles", a estimé Delphine Ernotte. Et d'ajouter : "Plus les médias privés sont puissants - et c'est ce qu'on observe en France - plus on a besoin d'un audiovisuel qui soit fort".
Delphine Ernotte a aussi profité de cette interview pour répondre aux attaques régulières d'Eric Zemmour contre son entreprise, qu'il souhaite privatiser, tout comme Marine Le Pen. Lundi encore, lors de voeux à la presse en forme de règlement de comptes, le candidat à la présidentielle a assuré qu'en cas d'accession à l'Elysée, "le service public ne crachera(it) plus sur le contribuable tous les jours au petit-déjeuner" et qu'"il ne gifler(ait) plus le réel tous les soirs à 20h".
La présidente de France Télévisions a tenu à dénoncer ces propos du candidat : "Je trouve cela très grave d'appeler à la haine contre les journalistes car on sait tous qu'après les mots, il y a les actes", a commenté Delphine Ernotte. Rappelant qu'Eric Zemmour avait été chroniqueur sur France Télévisions pendant 5 ans (dans "On est pas couché", ndlr), elle a réaffirmé veiller à ce que "toutes les opinions soient représentées sur le service public".