Interview électrique avec la présidente de France Télévisions. Dans un entretien accordé à "Causeur", qui sera en kiosques ce mercredi 6 mars 2024, Delphine Ernotte répond aux questions - et aux interpellations - d'Elisabeth Lévy, directrice de la revue et chroniqueuse de CNews.
Pour entamer cet échange, Elisabeth Lévy interroge la patronne de l'audiovisuel public au sujet de la chaîne d'information du groupe Canal+. Il y a quelques semaines, le Conseil d'Etat avait demandé à l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de durcir son contrôle en matière de pluralisme de l'information. Cela faisait suite à une saisine de l'organisation non-gouvernementale internationale Reporters sans frontières par rapport à CNews.
Les dirigeants et les visages de la chaîne d'information ont par ailleurs été auditionnés le jeudi 29 février 2024 dans le cadre d'une audition menée par une commission d'enquête parlementaire sur l'attribution des fréquences TNT.
"D'abord, il me semble très positif qu'on se soucie du pluralisme à la télévision. À France Télévisions, nous faisons très attention à équilibrer notre contenu et à être honnêtes. Ces règles-là ne me posent aucun problème", commence à répondre Delphine Ernotte, confiant "comprendre l'esprit de la décision du Conseil d'Etat" : "Je suis plus circonspecte sur la lettre et son application. Le boulot d'un éditorialiste est de donner un point de vue ! Mais je fais entièrement confiance à l'Arcom".
Elisabeth Lévy demande ensuite si la présidente de France Télévisions "approuverait la fermeture de CNews", "si quelqu'un la demandait". "Non, je ne veux pas la mort de CNews. Mais il est normal qu'elle respecte les règles, comme tout le monde", réplique-t-elle. Et de poursuivre : "Les fréquences TNT ont une grande valeur marchande. En France, elles sont attribuées gratuitement par la collectivité en contrepartie du respect d'obligations et de conventions, notamment en termes de pluralisme".
Selon l'éditorialiste de CNews, "la plupart des animateurs, présentateurs et chroniqueurs réguliers de France Télévisions sont, sinon de gauche, représentants du même progressisme bon teint". "Alors ça, c'est drôle, vous voilà à compter les gens selon leurs opinions ! Moi qui pensais que cela vous offusquait", rétorque Delphine Ernotte. Et Elisabeth Lévy de citer Léa Salamé à la présentation de "Quelle époque" sur France 2. "Léa est de gauche, première nouvelle ! Vous n'en savez rien, moi non plus. Et c'est très bien ainsi", défend la patronne de France Télévisions. Le ton est donné.