La faute aux aléas du direct. Ce jeudi 29 février, huit dirigeants et grandes figures du groupe Canal, dont Pascal Prau, Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk étaient interrogés à l'Assemblée nationale. Après avoir reçu les ténors de TF1 et M6, les députés de la commission parlementaire se sont penchés sur le cas épineux de CNews. L'audition était retransmise en direct sur LCP, la chaîne d'informations parlementaire, et menée par le rapporteur de la commission, Aurélien Saintoul. Le député de la France insoumise leur a notamment reproché de ne pas assez modérer les propos tenus par les experts et invités sur le plateau. "Je fais 3 heures et demie d'émission par jour, donc à peu près 60 heures d'émission par mois" justifie Pascal Praud.
"On peut ne pas être assez concentré à ce moment-là, pas assez vigilant, pour plein de raisons et c'est tout le travail du modérateur. C'est notre mission de modérer tous les propos. À chaque fois qu'on fait une erreur parce qu'on ne modère pas un propos sur un plateau, on s'en veut et ça arrive, hélas parce que nous sommes des êtres humains", admet le présentateur de "L'Heure des pros". Puremedias.com vous propose de découvrir la séquence dans la vidéo ci-dessus.
Plusieurs fois épinglée par l'Arcom pour avoir été le relais de "fake news" et de propos polémiques, la chaîne en continu du groupe de Vincent Bolloré est particulièrement scrutée depuis la décision du Conseil d'État, qui a sommé l'Arcom de renforcer son contrôle sur les chaînes en matière de "pluralisme" et "indépendance" de l'information. Une décision qui concerne toutes les chaînes mais vise particulièrement CNews, à la suite d'un recours de l'ONG Reporters sans frontières, qui accuse la chaîne de plus être une "chaîne d'information, mais un média d'opinion".
Ses émissions les plus suivies sont en effet toutes plus ou moins sur le même format : un panel de personnalités dont la plupart sont identifiées comme ayant des positionnements conservateurs se retrouvent autour d'une table pour débattre sur des questions d'actualité. "Il y a toujours le fait qui est rapporté par un reportage. Après cette partie factuelle, il y a l'analyse, le décryptage et le commentaire", poursuit Pascal Praud, qui assure également que "le monde de l'information a changé. À 8 heures du matin, vous n'apprenez plus rien, ils savent déjà tout. Ce qui n'était pas vrai il y a 30 ans. Si vous vous contentez d'être purement factuel et d'être un lecteur de dépêches, les gens, vous ne leur apprendrez rien. Donc il faut leur apporter une mise en perspective de la polémique et de la controverse qui permet d'avoir un échange pluraliste que permet la liberté d'expression".
La liberté d'expression, c'était justement l'un des arguments avancés par les figures de la chaîne à l'antenne, qui fustigeaient la décision du Conseil d'État, considérée comme une forme de censure de CNews, bien qu'elle concerne toutes les chaînes. "Oui nous pensions dans un premier temps que c'était uniquement destiné à CNews", admet Laurence Ferrari. "Nous sommes très respectueux de cette décision (...) maintenant nous ne sommes pas dupes et nous savons très bien que notre chaîne est visée en premier lieu", ajoute-t-elle. Mardi dernier, la présentatrice de "Punchline" a été contrainte de présenter des excuses en direct au nom de la chaîne, pour une séquence diffusée ce dimanche 25 février. Alors que le Sénat devait voter pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution, dans l'émission "En quête d'esprit", le journaliste conservateur Aymeric Pourbaix a alors assuré que l'avortement est la "première cause de mortalité dans le monde" au-dessus du cancer et du tabac. Cette fois, et même Canal+ assure qu'il s'agit d'une "erreur technique", l'émission était pourtant enregistrée.