Depuis quelques années, deux camps apparemment irréconciliables s'opposent à Hollywood. D'un côté, des grands studios frileux qui misent toujours plus d'argent sur toujours moins de films, déclinés ensuite à l'infini. De l'autre, des créateurs qui dénoncent la mainmise des businessmen sur l'industrie américaine du cinéma au détriment de la diversité artistique. Invité par une université californienne mercredi, Steven Spielberg a donné un avis très cash sur la question, comme le relaye Slate.fr.
Le réalisateur a ainsi livré une prédiction inquiétante sur l'avenir de l'industrie cinématographique. A l'en croire, "l'expérience cinéma" va se raréfier, se massifier et devenir beaucoup plus chère pour le spectateur. "Il va finir par y avoir moins de salles de cinéma. Resteront des salles plus grandes et très haut de gamme (...) Aller voir un film vous coûtera 50 dollars peut-être 100, voire même 150. Ça ressemblera plus à un évènement sportif. C'est ce qu'on appellera le business du cinema. Tout le reste ressemblera à de la télévision câblée", a-t-il expliqué.
Le réalisateur de la saga "Indiana Jones" a enfoncé le clou sur l'évolution de la durée de vie des films : "Quand j'ai commencé dans le métier, c'était bien. Si le film avait du succès, il durait un an en salles. 'Indiana Jones : Les Aventuriers de l'arche perdue', par exemple, est resté en salles une année. 'E.T.' est resté à l'affiche d'un cinéma pendant un an et quatre mois (...) Aujourd'hui, les films sont disponibles dans les hôtels deux semaines après leur sortie en salles", regrette-t-il.
Selon le réalisateur, ce système n'est pas viable à long terme. Il reproche notamment aux studios de miser uniquement sur la puissance de quelques films censés créer l'évènement sur certains marchés saturés. "Nous sommes arrivés à un point où les studios préfèrent investir 250 millions de dollars sur un film leur donnant une réelle chance de décrocher le jackpot plutôt que de mener à bien plusieurs projets intéressants, personnels, et même peut-être historiques, mais qui risquent de se perdre dans la masse des films disponibles", a-t-il ainsi affirmé. Et Steven Spielberg prédit un avenir funeste à l'industrie cinématographique si elle poursuit dans cette voie : "il va y avoir une implosion de ce modèle, quand trois ou quatre voire une demi-douzaine de ces superproductions vont se planter".