Sibyle Veil prend ses distances avec la nouvelle ministre de la Culture. Mardi, Rima-Abdul Malak a annoncé son intention de porter au Parlement le débat autour d'une fusion des entreprises de l'audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et INA). La réponse de la patronne de Radio France, Sibyle Veil, ne s'est pas fait attendre longtemps. Dans une interview publiée hier par "Le Figaro", elle exprime explicitement son opposition à une telle réforme.
"Je ne suis pas favorable à cette fusion", déclare-t-elle. "Radio France et France Télévisions n'ont pas du tout les mêmes enjeux stratégiques. Ce sont deux marchés différents, des usages différents", justifie Sibyle Veil. "Nos modèles de production ne coïncident pas : la radio est un média sobre qui produit tous ses contenus en interne, la télé achète une grande partie de ses programmes à l'extérieur. Ce n'est pas Radio France qui va aider France Télévisions à résister à Netflix ni France Télévisions qui nous aiderait face à Spotify", argue-t-elle ensuite.
A l'en croire, la "première conséquence d'une fusion serait de renégocier toutes les conventions sociales avec un effet inflationniste qui, in fine, sera à la charge du contribuable. Un nouvel ensemble de cette taille serait difficilement gérable sur le plan social", tranche Sibyle Veil. Et de conclure : "La fusion des deux entités serait une réponse administrative éloignée des véritables enjeux stratégiques. Il faut coopérer, mais il y a d'autres manières de le faire à l'ère numérique".
Tandis que la PDG de Radio France ne cachait pas jusque-là son intention de rempiler l'année prochaine pour un deuxième mandat, elle semble désormais conditionner sa candidature à l'abandon de ce projet de fusion. "Il me semble normal de vouloir connaître le projet pour l'audiovisuel public avant de m'engager. Je me positionnerai d'ici à l'automne", annonce-t-elle.