La manipulation a été relevée par "Le Petit Journal" de Canal + mercredi. Dans l'émission "Appels d'Urgence" diffusée la veille sur TF1, mardi soir, un sujet était consacré à une brigade d'élite contre les jeunes délinquants. On y voit les forces du SIT (Service d'investigation transversal) en action dans une ville, Paris, citée à plusieurs reprises par la voix off. Seul hic, dans ce sujet ont été intercalées d'autres images, celles de faits divers américains... datant de 2005 et 2008.
On y voit d'abord une "vieille dame" se faire agresser. Il s'agit en réalité d'un sans abri, violenté à Washington. "L'affaire avait fait la Une de tous les journaux" précise Yann Barthès. Autres images chocs, une agression dans un ascenseur où un individu est violenté avant d'être délesté de sa carte bancaire. Une agression qui s'est en réalité déroulée non pas à Paris mais à Brooklyn, près de New York il y a trois ans. Là aussi, l'affaire avait fait les gros titres des journaux et la vidéo est disponible facilement sur Youtube.com
Du côté de la Une, on ne cache pas son embarras. Le reportage a été co-produit par la chaîne et TV Presse, une société de production qui travaille régulièrement pour "Appels d'Urgence". "Parmi les responsables de TV presse, on retrouve Jacques Aragones, bien connu des dirigeants de TF1. Cet ancien directeur des magazines d'enquête de TF1 a oeuvré de longues années pour "Le Droit de savoir" avec Charles Villeneuve" note Le Point. La chaîne a annoncé à l'AFP avoir "découvert tout ça avec stupeur" mais réfute toute tentative de bidonnage. "Il n'y a pas de mise en scène ou de reconstitution, il y a montage d'images impropre et regrettable" explique TF1. Qui devrait, en toute logique, être sanctionnée par le CSA.
Ce n'est pas la première fois que la Une est pointée du doigt pour une manipulation dans ses sujets d'information. Dans son JT de 13 heures en juin dernier, elle avait diffusé un reportage réalisé par une agence filiale du groupe de presse Nice Matin qui revenait sur le contrat de responsabilité parental mis en place dans les Alpes Maritimes pour lutter contre les absences scolaires. Parmi les personnes interrogées, une femme présentée comme une mère de famille s'exprimait sur ce dispositif inédit. Or, il s'agissait en fait de l'attachée de presse du Conseil Général de la région qui, de surcroît, n'avait pas d'enfant. Tout en présentant ses excuses aux téléspectateurs, la Une avait rejeté la faute sur Nice Matin qui a licencié les deux journalistes auteurs du sujet. L'attachée de presse avait, elle, démissionné.