Il dure, il dure, l'examen du projet de loi pour le mariage pour tous. Dimanche, les députés ont ferraillé près de 24 heures d'affilée autour de la question du mariage homosexuel, évoquant GPA, adoption et... Twitter. Il a beaucoup été question du réseau social aux 5,5 millions d'abonnés français en séance parlementaire ce week-end.
Et pour cause : les élus se sont vite habitués à l'usage du site de micro-blogging et l'utilisent assidûment. Philippe Gosselin, député UMP de la Manche, s'est d'abord indigné d'un tweet de Jérôme Guedj auprès du président de l'Assemblée vendredi. "Nous sommes dans une société de télécommunications et sommes nombreux d'utiliser Twitter ou Facebook (...) 'Ils voulaient un débat, ils le souillent'. Ces termes employés par notre collègue, je les trouve particulièrement inadmissibles. Je vous demande, monsieur le président, de rappeler à la majorité que quand elle gazouille à l'extérieur, elle doit le faire avec plus de distance."Mais c'est le clash entre Erwann Binet et Patrick Hetzel qui a enflammé le débat samedi soir. Le député socialiste et rapporteur du projet de loi a abordé de front la question de la légitimité de la commision d'éthique sur la PMA par ce tweet : "Soumettre a priori la décision du Parlement à un avis inconnu de la commission d'éthique est un déni de démocratie". Le député UMP du Bas-Rhin lui a répondu par un autre tweet : "Le déni de démocratie est de privilégier les tweets sur le débat à l'intérieur de l'hémicycle". Puis, "il faudra que nous nous interrogions sur la pertinence de maintenir les tweets à l'intérieur de l'hémicycle".
Si la bataille pour le mariage pour tous divise l'Assemblée, celle pour l'usage de Twitter dans l'enceinte parlementaire aussi. Ainsi, Christian Jacob, chef de file du groupe UMP a lui aussi fustigé les gazouillis dans plusieurs de ces interventions. Sa colère était notamment dirigée vers le député EELV Sergio Coronado. Celui-ci, dans un message tweeté vendredi midi avait comparé Hervé Mariton à Bree Van De Kamp, la célèbre ménagère de la série télévisée "Desperate Housewives". Reprenant la formule du Lab, celui-ci s'est plaint dans l'hémicycle : "Je vous invite à lire les tweets émis par notre collègue Sergio Coronado à l'instant, qui qualifie Hervé Mariton de 'conservatrice coincée'. C'est n'importe quoi !"
En raison de son caractère intempestif et volatile, le site de micro-blogging échauffe-t-il le débat inutilement ? Ou bien est-il, au contraire, une expression de la transparence à laquelle doivent se soumettre les parlementaires ? Difficile à dire. Pour l'instant, Claude Bartolone, président de l'Assemblée, n'a pas souhaité exprimer un avis tranché sur cette nouvelle problématique. Ce qui est certain, c'est que jamais il n'a été autant question du réseau social de Jack Dorsey dans les coulisses de la République.