Mardi 23 octobre, lors d'une manifestation anti-mariage et adoption gay à Marseille, deux jeunes femmes s'embrassent, en réponse aux revendications des manifestants. Un photographe de l'AFP est là, saisit l'instant. Le cliché est beau, joyeux. Julia et Auriane se roulent une pelle tout sourire, sous le regard médusé des anti-mariage, qui ne manquent pas de les insulter. En quelques heures, le cliché fait le tour du web et des réseaux sociaux. La photo a déjà été partagée 1.500 fois sur la page Facebook du Monde et a récolté près de 4.000 "J'aime". L'emballement est identique sur les pages de l'AFP ou de l'Huffington Post. Sur Twitter, le baiser a été retweeté des milliers de fois.
"On est allé leur demander pourquoi ils étaient là, et là ils nous ont expliqué qu'ils étaient contre le mariage gay et l'adoption, on les a un peu écoutés... Pas très loin d'eux on a rencontré une poignée de contre-manifestants. Ils avaient envie de répondre au rassemblement mais ils ne savaient pas comment", explique Julia au site Têtu.com qui a retrouvé les deux jeunes femmes, âgées de 17 et 19 ans.
Ce baiser, "qui a tenu près de 15 secondes", sera donc leur seule et unique réponse aux 75 manifestations qui se sont tenues dans la France ce jour là. Mais Julia et Auriane ne sont pas lesbiennes, leur baiser était une forme d'acte militant. "C'est un geste de solidarité pure et simple. Je suis pour ce que ces manifestants ne veulent pas. Face à eux on était tellement peu... Ça ne servait à rien de leur parler car ils campent sur leur position. Et ça ne servait à rien non plus de crier ni de les insulter au risque qu'ils se braquent", détaille Auriane.
"Cette image, c'est un peu l'histoire de l'arroseur arrosé, un détournement de symbole à l'insu de leur plein gré !", explique à nos confrères de L'Huffington Post le photographe Gérard Julien, agréablement surpris par le succès de sa photo. Une photo virale, "culte" disent certains qui la comparent déjà au baiser de l'hôtel de ville par Robert Doisneau.
> Le making-off du baiser de Marseille, raconté par Gérard Julien.