Les hommes politiques n'ont apparemment pas encore pris le réflexe de toujours vérifier qu'ils sont bien isolés avant de discuter de sujets importants. Rachida Dati avait ainsi été piégée au Parlement européen fin 2009, avouant qu'elle "n'en pouvait plus". Et Barack Obama en a fait une nouvelle fois l'expérience, quelques mois après une gaffe lors du G20 : en novembre dernier, une discussion entre le président américain et Nicolas Sarkozy, dans laquelle les deux hommes tenaient des propos très durs à l'encontre du premier ministre israëlien, Benjamin Netanyahu, avait été entendue par plusieurs journalistes.
La même chose est arrivée hier à Barack Obama en marge d'une conférence sur la sécurité nucléaire qui se tenait à Seoul. Alors qu'ils s'apprêtaient à discuter devant une foule de reporters, le président américain et son homologue russe, Dimitri Medvedev, ont été piégés par un micro resté ouvert et qui a permis à quelques journalistes présents d'entendre - et d'enregistrer - une courte discussion concernant le système de missiles de défense américain.
On entend ainsi Barack Obama demander à Dimitri Medvedev de transmettre un message à Vladimir Poutine, actuel président du gouvernement et élu à la présidence de la Fédération de Russie, en attente de son investiture. Obama demande à son interlocuteur de dire à Vladimir Poutine qu'il a besoin d'un peu de marge de manoeuvre sur le sujet des missiles de défense et explique qu'il disposera d'une plus grande flexibilité une fois qu'il aura été réélu.
Un échange qui dure une quinzaine de secondes mais que les Républicains n'ont pas manqué de commenter aux Etats-Unis afin d'affaiblir Barack Obama. Un spot publicitaire a déjà été réalisé et il met en garde les Américains contre "ce qu'Obama dit aux dirigeants du monde entier quand il pense que vous n'écoutez pas", s'interrogeant également sur "les autres stratégies secrètes qu'Obama met en place pour après l'élection". Mitt Romney, candidat à l'investiture républicaine, a lui regretté cette attitude du président vis-à-vis de la Russie, qu'il considère comme le plus gros adversaire géopolitique des Etats-Unis.
Le porte-parole de la campagne de Barack Obama n'a pas tardé à réagir, appelant Mitt Romney à enfin évoquer sa stratégie de politique étrangère au peuple américain, au lieu de "bomber le torse" et de "lancer des phrases vides". Le président Obama a lui même ajouté que la question des missiles de défense était "extrêmement complexe" et qu'il était impensable de lancer de nouvelles discussions à quelques mois de la fin de son mandat et à une époque où la Russie s'apprête elle aussi à accueillir un nouveau président qu'elle a déjà élu, Vladimir Poutine.