C'est un cadeau de départ un peu particulier qu'a laissé Sébastien Pietrasanta. Les 1er et 2 avril dernier, soit deux jours avant que le maire PS d'Asnières ne quitte ses fonctions pour cause de défaite aux municipales, il a autorisé son adjoint à la Culture, Julien Richard, par ailleurs réalisateur, à tourner gratuitement plusieurs scènes d'un court-métrage dans les locaux de l'Hôtel de ville.
Comme l'a révélé Le Point.fr, il s'agissait en fait du teaser d'un film baptisé "Korruption" pour lequel Julien Richard tente de récolter des fonds sur internet. D'après le site officiel du projet, le film en question met en scène un flic minable prénommé Edmond qui, pour acheter une nouvelle poitrine à sa femme, une jeune bimbo, décide de vendre ses filles à un producteur de pornos lié à la mafia.
L'affaire n'a pas manqué de créer un début de polémique à Asnières. A la découverte de cette histoire, le nouveau maire UMP Manuel Aeschlimann a en effet choisi de montrer le teaser vendredi lors du conseil municipal afin de discréditer son prédécesseur socialiste. Qualifiant le film de "porno soft", il l'a présenté comme le "dernier cadeau" de Sébastien Pietrasanta. "La majorité est profondément choquée de l'utilisation qui a été faite de notre Hôtel de ville" a fait savoir le nouvel édile.
Mis en cause, Julien Richard a tenu à défendre son film via un communiqué publié sur la page Facebook du projet. "Il s'agit d'une comédie noire 'grinçante' dénonçant toutes les formes de corruption sans pour autant faire référence à aucun fait réel précis" a-t-il expliqué à propos de "Korruption". Julien Richard a aussi récusé toutes les accusations de pornographie : "Ce film n'est pas un film X et ne comporte aucune scène pornographique" a-t-il indiqué, évoquant au contraire une dénonciation de cet univers. Il a par ailleurs expliqué au Parisien que les scènes de nu présentes dans le teaser étaient issues d'une banque d'images étrangère.
Dénonçant un scandale monté "de toute pièce en trompant l'opinion", Julien Richard a regretté "l'arrière-plan politicien de cette affaire". Il a également annoncé son intention de faire "valoir ses droits auprès des tribunaux afin que cessent les diffamations et calomnies à son égard". Il a enfin précisé sur sa page Facebook que "les instigateurs de la campagne de dénigrement" avaient "falsifié" le teaser de "Korruption" au profit d'un "remontage grossier, relayé par certains médias".
Selon Le Point, l'affaire pourrait cependant rebondir en justice. "Un règlement existe, qui prévoit des tarifs pour l'utilisation des diverses salles. Ainsi, il pourrait y avoir prise illégale d'intérêts pour l'adjoint au maire et complicité de prise illégale d'intérêts (article 432-12 du Code pénal) pour Pietrasanta, voire de concussion (article 432-10 du même Code pénal)", croit savoir l'hebdomadaire. Une accusation que réfute l'ancien maire dans Le Parisien: "On accorde souvent des gratuités ou des remises pour des associations. Pour moi, il n'y a aucun favoritisme". Quoi qu'il en soit, le nouveau maire Manuel Aeschlimann envisage de porter plainte pour prise illégale d'intérêts, et le réalisateur Julien Richard lui, pour diffamation.