Au moment où l'exécutif, s'apprête à supprimer la redevance, planche sur la question du financement du service public de l'audiovisuel - les sénateurs Les Républicains Roger Karoutchi et Jean-Raymond Hugonet, veulent fusionner au sein d'une société unique, dont le nom de code pourrait être France Médias, les groupes France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'Institut national de l'audiovisuel (Ina).
"La réforme du financement de l'audiovisuel public ne doit pas se réduire à une simple mesure sur le pouvoir d'achat des Français. Elle doit avant tout traduire une véritable ambition pour le service public", estiment dans leur rapport, que "Le Figaro" a pu consulter, les co-rapporteurs de la mission conjointe de contrôle des commissions des finances et de la culture du Sénat sur le financement de l'audiovisuel public.
Si elle est retenue par l'exécutif et votée par la future majorité parlementaire, cette fusion, effective en 2025 selon le scénario écrit par les deux sénateurs, aurait l'avantage de systématiser les mutualisations. "Les coopérations annoncées sont restées embryonnaires", déplorent-ils. "On a laissé les structures la bride sur le cou, ce qui n'a pas réellement incité les uns et les autres à se rapprocher. Sans ligne directrice, sans ambition énoncée par l'État actionnaire, on restera dans le bidouillage".
Sous le quinquennat précédent, France 3 et France Bleu ont pourtant opéré un rapprochement à la télévision - France 3 diffuse désormais les 44 matinales de France Bleu entre 7h et 9h - et sur le numérique avec la création par France Bleu et France 3 du média de la vie locale "Ici". Radio France et France Télévisions ont aussi lancé en septembre 2016 le média global franceinfo: sur le canal 27 de la TNT.
Les deux sénateurs militent aussi, afin de "supprimer les doublons et renforcer l'expertise" - pour la création d'une rédaction commune au service public de l'audiovisuel. Celle-ci serait organisée selon trois pôles : l'international, le national et le local. France 3 et France Bleu seraient ainsi encore un peu plus proches, rassemblées au sein d'une même filiale, "France Médias Régions". "Cela ne veut pas dire qu'il faut tout raser au profit d'une seule marque. Mais il faut concentrer les forces et les moyens, en fonction d'objectifs communs, car nous sommes copieusement en retard", met en avant Jean-Raymond Hugonet. Cette mesure, proposée dans un climat social explosif, risque toutefois de renforcer la défiance des syndicats de Radio France, déjà mobilisés depuis plusieurs semaines contre la plateforme "Ici".
Pour financer le service public de l'audiovisuel, le Sénat préconise, enfin, la création d'une commission indépendante chargée d'évaluer annuellement les besoins de l'audiovisuel public, relate "Le Figaro". Cette "Autorité supérieure de l'audiovisuel public" (ASAP) serait présidée par un magistrat de la Cour des comptes et intégrerait quatre personnalités nommées par l'Assemblée et le Sénat. "Nous souhaitons trouver une solution qui permette aux sociétés de l'audiovisuel public d'avoir une certaine visibilité sur leur trajectoire financière", anticipe Roger Karoutchi.
Pour l'heure, l'exécutif dit vouloir remplacer la redevance de 138 euros en métropole et 88 euros en outre-mer par un budget pluriannuel accordé à l'audiovisuel public par l'État. Sur France Inter en avril, Emmanuel Macron avait précisé que ce serait le Parlement qui en fixerait le montant et que l'exécutif aurait l'impossibilité d'y toucher en cours d'année, pour prémunir l'audiovisuel public de toute "pression".