C'est l'histoire d'un tweet publié sur mon compte personnel où je faisais part de mon étonnement au sujet du succès de Xavier de Moulins sur M6. Depuis la rentrée, son "19.45" cartonne dépassant parfois la barre des 4 millions de téléspectateurs. Amusé, le présentateur m'a alors invité à en parler autour d'un café. Le rendez-vous a donc eu lieu un matin à côté de M6. Rencontre avec un journaliste sympathique. Attention, entretien à lire au second degré !
On va raconter aux internautes comment est arrivée cette interview après un de mes tweets plutôt désagréable pour vous au sujet du JT...
Xavier de Moulins : Alors, "désagréable", ça, c'est pour vous flatter cher Julien, pour faire croire à vos lecteurs que vous êtes un mec pugnace et que vous y allez ! Mais quand on essaie de vous joindre, on tombe sur une boîte vocale donc ça montre le courage du mec (rires). Bref, c'était un tweet de votre part qui disait que le succès de Xavier de Moulins au "19.45" vous dépassait. Ce à quoi je vous ai répondu que si ça vous dépassait, c'est que vous méritiez des explications et comme je suis un garçon très pédagogue, je me suis dit "expliquons-nous". Il y avait de votre part une certaine forme de sarcasme liée à votre jeunesse insouciante et de ma part une certaine forme d'empathie pour expliquer à un jeune freluquet comment ça marche la vie ! (rires)
Alors Xavier, comment ça marche la vie ? Cette rencontre tombe à un moment où le JT cartonne. Alors, pourquoi ça me dépasse ? Je ne pensais pas que ça allait marcher autant avec vous parce que vous êtes tellement décalé des autres présentateurs de JT, dans le ton, le style. Je ne suis pas forcément très client du style en tant que téléspectateur donc ça me dépasse...
C'est quoi mon style que vous n'aimez pas ?
Dans votre phrasé, votre ton qu'on n'a pas l'habitude d'entendre dans un JT... Personnellement, je n'accroche pas. Comment peut-on définir ce style d'ailleurs selon vous ?
Je ne sais pas comment on peut le définir. Ce qui est clair, c'est qu'on peut avoir un style qui ne plait pas à tout le monde, je suis entièrement d'accord et il n'y a aucun problème là-dessus. Après, si vous me dites que c'est différent et qu'on n'avait pas l'habitude d'entendre ça, je prends ça comme un compliment. Si Nicolas de Tavernost et Thomas Valentin ont fait appel à moi pour faire ce JT, c'est qu'ils voulaient précisément quelqu'un de différent. Ils voulaient faire un JT différent et ont pris un présentateur différent qui assume complètement de ne pas plaire à tout le monde. J'ai le même ton que dans la vie et je parle aux gens dans le JT comme je vous parle là. Alors, oui, j'ai une voix grave, oui, mon phrasé on peut en parler... Mais je n'ai pas l'impression de minauder, d'en faire quinze tonnes, j'ai l'impression de parler normalement aux gens qui sont chez eux et d'essayer d'être le plus proches d'eux.
Le terme "décalé" vous paraît abusif ?
De votre part, je trouve que c'est un peu un terme de vieux monsieur et vous êtes super jeune donc je ne comprends pas que vous n'ayez pas trouvé autre chose (rires). Si vous voulez dire "décalé", ok, je le suis mais ça me va très bien. A partir du moment où je ressemble pas aux autres présentateurs, je suis décalé. A part Yves Mourousi - même si je n'ai pas la prétention de dire que je suis le nouveau Mourousi - je ne vois pas de qui je pourrais me sentir un peu proche car lui était en effet décalé à l'époque.
Vous regardez vos confrères aujourd'hui ?
Non seulement je les regarde mais je les respecte beaucoup. J'ai beaucoup de considération et d'estime pour mes confrères. Ce n'est pas de la démagogie. Et il y en a une pour qui j'ai une affection particulière, c'est Florence Dauchez. On en parle peu et c'est bien dommage, j'ai beaucoup regardé sa manière de faire quand j'ai débuté avec elle.
Et David Jacquot qui n'a pas forcément été tendre avec ses camarades après son départ de M6 ?
C'est son problème, c'est pas le mien. Et voilà. Il y a une phrase que j'aime bien qui dit "La guerre est la façon d'aimer des impuissants". Voilà, point barre.
Sur le fond, comment vous définissez le JT de M6 ?
Le credo, apprendre, comprendre, surprendre. Sur le fond, c'est un journal d'information populaire, digne, qui ne s'interdit rien et surtout aucun sujet. Chez nous, il n'y a pas de sujet sale. Il y a une ligne : à partir du moment où on lance quelque chose et que ça a été voté en conférence de rédaction, tout le monde se range derrière. Ca passe par le travail collectif et quand vous l'incarnez au final, c'est important de sentir la cohésion de la rédaction derrière vous. La rédaction est motivée, déterminée et tout le monde est d'accord sur le projet.
Vous estimez être très différent des autres JT du soir ou pas autant qu'on a voulu le dire ?
C'est assez différent mais, après, les autres rendez-vous du soir commencent à se lever, à présenter debout, à faire des infographies, des "Expliquez-nous" avec des gens en plateau. Ce qui est amusant, et on peut être fiers aussi, c'est que tout d'un coup, on a inspiré les grands rendez-vous. C'est une forme de reconnaissance et une récompense.
Le JT a gagné 700.000 téléspectateurs sur un an. A la rentrée, Nicolas de Tavernost évoquait l'objectif d'aller taquiner en audience le "20 Heures" de France 2. C'est un objectif que vous jugez réalisable ?
Quand il dit cela, Nicolas de Tavernost est évidemment dans son rôle. C'est un homme qui a, heureusement, énormément d'ambition pour son groupe. C'est comme ça qu'il a réussi. Moi, mon objectif n'est pas de rattraper France 2 pour rattraper France 2 mais de faire un canard bien construit pour attirer de plus en plus de monde. Et si un jour, ils sont plus nombreux qu'en face, tant mieux.
Bon, on se revoit dans un an pour faire le bilan et vous dire si je suis devenu fan de vous ?
Oui, ou quand vous voulez ! Continuons à nous insulter sur Twitter (rires).
Mais je ne sais pas qui vous êtes sur Twitter !
Comme disait Louis Aragon, la vérité avance masquée !