Dans un peu plus de trois heures, Yann Barthès ouvre son "Quotidien" sur TMC. Après plus de dix années passées à Canal+, l'animateur change de chaîne pour la première fois. Dans cette troisième partie de notre entretien, il revient sur ses années Canal+ et la rupture, en juin dernier.
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Propos recueillis par Julien Bellver.
Est-ce que vous allez faire venir tous les candidats à la présidentielle, comme en 2012, quand ils étaient passés sur votre plateau et celui du "Grand Journal" ?
J'espère ! On démarre mardi avec Bruno Le Maire pour la primaire. Puis après on attaquera la présidentielle.
Vous avez dit cette semaine à Télé 2 Semaines que si vous avez choisi de partir, c'était parce que Vincent Bolloré voulait diffuser une partie du "Petit Journal" en crypté. C'est vraiment la seule raison ?
Oui ! Quand on m'a fait cette proposition, commencer en clair et finir en crypté, ou le contraire, je ne sais plus, personne n'était d'accord ici. Teaser en clair "tout de suite, vous allez retrouver en crypté", ce n'était pas possible. "On décrypte le discours de Nicolas Sarkozy mais que pour les abonnés"... Non. Les discussions se sont arrêtées après ça. Par ailleurs je ne pense pas que Canal avait particulièrement envie qu'on reste.
La mainmise de Vincent Bolloré sur la ligne éditoriale de certaines émissions, elle vous a effrayé à un moment ?
Il n'y en a pas eu chez nous, aucune, zéro. S'il y a avait eu un seul coup de fil, je le disais le soir même et j'arrêtais. La fin n'a pas été agréable mais les rapports ont toujours été cordiaux avec Vincent Bolloré.
Vous avez rencontré d'autres diffuseurs que TF1 ?
Oui, Vincent Meslet de France 2 et Delphine Ernotte, la présidente. Mais une grille de grande chaîne généraliste, c'est compliqué. La seule case possible, c'était 17h30. Il n'y avait pas de place. D'un commun accord, on n'a pas poursuivi les discussions.
Cette saison, vous parliez de Canal+ comme d'un "diffuseur", et plus comme de votre chaîne. C'était une manière de marquer votre indépendance vis à vis de la nouvelle direction ?
C'est arrivé quelques fois... Les relations en interne n'étaient pas au beau fixe à cette époque, c'était pour marquer une petite distance.
Vous pourriez inviter Vincent Bolloré sur votre plateau ?
Vincent Bolloré accepterait-il de venir sur mon plateau ? Moi je trouverai ça intéressant, il y a plein de questions à lui poser.
Quand Ali Baddou et Maïtena Biraben ont été écartés de Canal+, vous avez eu un petit mot à leur attention dans LPJ. Vous avez de leurs nouvelles ?
Oui, Ali est un ami depuis presque 10 ans. Je suis content qu'il soit sur France Inter. Quant à Maïtena, elle est passée au bureau pas plus tard que vendredi, pour dire bonjour à toute l'équipe. Pour des gens qui ont vécu quelque chose de difficile, qui plus est sous le feu des projecteurs, je les trouve en forme, positifs, ils ont la pêche.
Vous allez aussi arriver en deuxième partie de soirée sur TF1, plus tard. L'émission s'appellera bien "Temps de cerveau disponible" ?
C'est pas sûr du tout.
Vous savez que les anciens dirigeants de TF1 tentent visiblement de vous faire interdire le nom de cette émission ?
Oui, Patrick Le Lay n'a pas aimé l'idée. Il pense que l'expression "Temps de cerveau disponible" lui appartient au même titre que "No Problemo" appartiendrait à Bart Simpson. Mais bon, on ne va pas non plus s'engager dans un bras de fer avec lui. C'était un clin d'oeil, ça nous faisait rire comme titre de travail. On s'est surtout aperçus que "Temps de cerveau disponible" n'évoquait rien auprès des jeunes. C'est une très vieille référence...
Ce sera un Q XXL ? Ou un Q tout neuf ?
Ce sera un sacré beau Q, un Q de soirée. Un Q rhabillé, musclé. Un beau Q ! La version "tenue de soirée" de "Quotidien" avec des invités que l'on décryptera avec des archives et des reportages. Ce qu'on sait faire mais moins ancré dans l'actu et plus dans le people.
Votre société de production Bangumi va aussi produire "Stupéfiant!" sur France 2 avec Léa Salamé. Vous avez participé à la création de cette émission ?
C'était un appel d'offres, j'ai donc passé le grand oral devant l'équipe de Vincent Meslet à France 2 avec Laurent Bon et Elodie Bernard en qualité de co-gérant de Bangumi. Les équipes de Laurent me racontent les sujets qu'ils sont en train de faire à la machine à café, mais je n'ai pas du tout les mains dans le cambouis. Voir Julien Beau qui a commencé au "Petit Journal" puis a continué au "Supplément" et dont la spécialité est la politique faire des grands reportages sur l'art, c'est intéressant, ça donnera forcément un regard différent. Une émission de reportages sur l'art, c'est un pari excitant. Et Léa Salamé en collègue de bureau, c'est très cool.
Comme PPDA, vous avez en tête la date à laquelle vous arrêterez de faire de la télévision ?
On ne décide jamais quand on arrête. Ce sont les diffuseurs qui décident. Mais ce qui est sûr, c'est qu'à un moment donné, je ferai autre chose. Arrêter l'antenne ne me fait pas peur. On produit plein de trucs à Bangumi : des magazines pour France 2, des reportages pour "Envoyé spécial", pour "66 minutes", les documentaires de Loïc Prigent, la série sur les tweets avec Catherine Deneuve pour Arte...
l La P4 de l'interview de Yann Barthès, c'est à 17h30 sur puremedias.com
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