Son visage est connu des téléspectateurs de France Télévisions pour ses reportages aux quatres coins les plus chauds de la planète, ses entretiens exclusifs avec des dictateurs. Mémona Hintermann, grand reporter, a décidé de lâcher son métier de journaliste pour devenir Sage au CSA, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Une planque pour certains, un plan de fin de carrière pour d'autres. Mais la désormais ex-journaliste ne l'entend pas de cette oreille. Interrogée par Anne-Elisabeth Lemoine dans "La Nouvelle Edition" sur Canal+, elle s'est montrée extrèmement offensive. Une posture assez rare pour être relevée.
"Je suis sûre qu'en France nous avons besoin de mettre en place quelques règles de bonne conduite", explique-t-elle en préambule, avant de citer des exemples. "Est-ce que c'est normal qu'il n'y ait que des femmes jolies, blondes, jeunes et si possible avec un bon soutien gorge à la télévision ?" lâche-telle, expliquant vouloir accorder plus de place aux minorités. "On voit toujours les mêmes stéréotypes ! Vous avez des déjà vu des gens affectés d'un handicap présenter une émission ? Ils sont où ces gens ? C'est où la France ? Cette télé que l'on fabrique ne correspond pas au pays réel !" s'exclame-t-elle. Elle dénonce aussi l'emploi massif dans les médias de stagiaires, qui occupent souvent des postes de titulaires.
Puis elle revient sur son choix, celui de mettre un terme à sa carrière de journaliste pour rejoindre le CSA, une instance souvent critiquée pour sa lenteur et sa partialité. "Franchement, ce n'est pas une planque, assure-t-elle. Oui c'est très agréable d'avoir enfin un salaire qui correspond à quelque chose. C'est juste, oui. C'est vrai que pendant des années, j'ai eu le sentiment qu'on n'était pas très correct de ce côté-là, parce qu'il fallait montrer sa binette en permanence à la télé. Et les présentateurs gagnent systématiquement plus que le reporter qui va risquer sa peau. Pourquoi le reporter qui va risquer sa peau ne gagne pas un euro de plus en prime de risque ? Et la hiérarchie qui reste là gagne une prime à suggestion variable. Pourquoi, en fonction de quoi ? Sur quels critères de justice ?". Olivier Schrameck, nouveau président du CSA, acceptera-t-il d'ouvrir l'épineux dossier de la rémunération des journalistes stars ? Réponses dans les prochains mois.
Sa dépendance d'esprit et de jugement, Mémona Hintermann la veut totale. Pour cela, elle a totalement démissionné de France Télévisons. Quand d'autres membres du CSA, comme Françoise Laborde et Rachid Arhab bénéficient d'une "mise en disponibilité" qui leur permettra, s'ils le souhaitent, de retrouver leur job après leur mandat. "Je vais rompre le lien physique, juridique, mental avec France télévisions, je n'aurai plus de fil à la patte, je n'aurai pas de devoir de réserve. Ca a un prix la liberté, hein ? Je vais être utile", s'exclame-t-elle avecla force de persuasion qu'on lui connaît. Au CSA, qui doit être réformé en 2013, ça va dégommer... Enfin !