L'équité du temps de parole des candidats imposé par le CSA, un casse-tête pour les émissions de télévisions et les radios. Samedi soir, Laurent Ruquier a reçu dans "On n'est pas couché" son premier candidat à la présidentielle, François Bayrou. Pour respecter les règles imposées par le gendame cathodique, il a inauguré un peu contraint et forcé un compteur, crédité de 30 minutes de temps de parole pour le candidat centriste.
Car depuis le 1er janvier et jusqu'au 20 mars 2012, les candidats déclarés ou présumés ainsi que leurs soutiens bénéficient d'un temps de parole dit "équitable". Pour cela, c'est leur représentativité - calculée par les sondages et leurs derniers résultats aux élections - qui prévaut. En clair, un Dominique de Villepin qui ne s'est jamais présenté au suffrage universel ne pourra compter que sur ses (faibles) intentions de vote créditées dans les sondages d'opinion. La semaine prochaine sur le plateau de "On n'est pas couché" sur France 2, il n'aura donc droit qu'à 10 minutes.
Deuxième étape du dispositif le 20 mars, jour où la liste des candidats à l'élection présidentielle est publiée au Journal Officiel. A partir de cette date, chaînes et radios doivent respecter un temps strictement égal entre chaque candidat. Si François Hollande obtient 10 minutes au 20 heures de France 2, le plus petit des candidats devra obtenir par compensation le même temps, pas forcément sur le même créneau horaire. Enfin, dès le 9 avril, tout se complique. L'égalité du temps de parole et du temps d'antenne doit être respectée scrupuleusement. Chaque candidat devra alors s'exprimer dans des conditions comparables d'horaires et d'audiences. Pas question de "compenser" un petit candidat avec un reportage dans le journal de la nuit par exemple. C'est pour cette raison qu'au mois d'avril, "Des paroles et des actes " s'interrompt sur France 2. "On ne peut pas faire une émission avec 14 candidats, c'est impossible" nous expliquait récemment Thierry Thuillier, directeur de l'information à France Télévisions.
Ce sont ces nouvelles règles qui ont obligé Laurent Ruquier à inviter Marine Le Pen sur son plateau en février prochain. "Tant que rien ne m'y oblige, je choisis les invités politiques que je reçois comme bon me semble (...) Je ne souhaite pas livrer mon audience aux idées du Front National (...) C'est ma vision du service public" expliquait en 2010 l'animateur de la chaîne. Mais s'il voulait continuer à recevoir des personnalités politiques pendant la campagne présidentielle, Laurent Ruquier devait appliquer cette règle non négociable. Le temps de parole des candidats est calculé par les chaînes, qui tiennent à jour des compteurs précis. Mais aussi par le CSA, qui en cas de manquement aux règles du pluralisme, pourra prononcer des sanctions.