Fallait-il diffuser le "66 minutes" tourné après l'attaque du restaurant "La Belle Equipe" ? Le ministère de l'Intérieur ne cache pas sa colère mais Vincent Régnier, directeur des magazines de M6, assume. "En situation de guerre, ce document est un éclairage glaçant mais poignant de ce que Paris a vécu vendredi soir", explique-t-il au journal Le Monde. La chaîne défend la "valeur informative" de ce document exceptionnel, diffusé moins de 48 heures après l'attaque de ce restaurant du 11e arrondissement de Paris.
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Dimanche, en fin d'après-midi, "66 Minutes" sur M6 proposait un sujet au plus près de l'horreur embarqué avec des pompiers quelques minutes après la fusillade. Les images, dures et inédites, montraient le carnage : des corps sans vie, des blessés à l'agonie, la panique dans ce quartier du 11e arrondissement. Mais le ministère de l'Intérieur expliquait hier à puremedias.com avoir demandé à la chaîne de renoncer à la diffusion de cette séquence de 12 minutes.
La Six démentait hier une interdiction a priori de la place Beauvau en avançant une raison purement administrative. "La convention de tournage était signée avec W9 pour une autre émission, on nous a donc demandé de diffuser le sujet sur cette chaîne. Il n'y a eu aucune demande sur le fond, notamment l'éventuelle compromission de l'enquête", se défendait Xavier de Moulins. Un argument repris par Vincent Régnier ce matin.
W9 avait effectivement obtenu une autorisation de tournage dans la caserne de Chaligny (Paris 12e), à quelques centaines de mètres du restaurant "La Belle Equipe". Les caméras tournaient donc par hasard ce soir-là, avant d'être embarquées sur le terrain. "La convention prévoit un visionnage technique avant la diffusion, expliquait lundi un porte-parole du ministère de l'Intérieur, permettant notamment de vérifier que tous les visages ont été floutés". Il n'a pas eu lieu cette fois.
"Mais au-delà de cet aspect, nous avons demandé à M6, au nom de la dignité humaine, de renoncer à ce sujet pour protéger les victimes et respecter les familles. Les conditions étaient exceptionnelles, l'émotion considérable. Ce n'était pas opportun, il y avait encore des victimes non identifiées, détaillait-il à puremedias.com. Nous n'étions absolument pas opposés à une diffusion ultérieure, dans une ou deux semaines. Mais pas seulement 48 heures après les attentats ! M6 a écouté les consignes puis est passée outre, avançant le caractère exceptionnel du document qu'ils avaient entre les mains. Ce n'est pas acceptable".
"Il y avait deux conditions (à la diffusion de ce reportage) : ne pas porter atteinte à l'enquête et à la dignité des personnes", se défend la chaîne ce matin. Les visages étaient effectivement floutés et le CSA n'a selon nos informations pas relevé de manquement dans cette séquence. TF1, dans la même configuration avec une autre caserne pour sa chaîne TMC, n'a pas non plus respecté la convention de tournage, en diffusant un sujet dans son 13 Heures.