Des leçons ont visiblement été tirées des attentats du 11 janvier. Alors que le CSA avait massivement sanctionné les médias audiovisuels français quelques jours après les attaques contre "Charlie Hebdo" et l'Hyper Cacher, la cellule de veille de l'institution n'a pour l'instant pas relevé de manquements dans leur traitement des terribles évènements de ce week-end.
Dès vendredi soir à 22h15, le CSA a mis en place à son siège, Tour Mirabeau à Paris, une cellule de veille pour suivre en temps réel le travail des médias. En ces circonstances exceptionnelles, plusieurs personnes ont été chargées de surveiller les informations données à l'antenne mais aussi de passer à la loupe les images diffusées. Dans ce genre de situation, le CSA dispose de deux leviers d'action principaux : l'atteinte à la dignité des personnes du fait de la possibilité d'identifier les victimes à l'antenne, mais aussi l'éventuel gêne du cours de l'enquête par la divulgation inappropriée d'informations.
Aucun manquement n'a pour l'instant été relevé par cette cellule au regard de ces deux critères. Cette dernière a ainsi constaté que l'anonymat des victimes avait été protégé par les chaînes de télévision par le recours massif au floutage des visages et parfois des corps. Elle ne relève donc pas d'atteinte à la dignité de la personne humaine.
La cellule du CSA n'estime pas non plus à l'heure actuelle que les médias ont gêné le cours de l'enquête. Alors que le gendarme de l'audiovisuel avait envoyé une note à ce sujet dès samedi aux rédactions, sa cellule de veille a constaté une plus grande retenue dans ce domaine, onze mois après la précédente vague d'attentats. Plusieurs chaînes de télévision n'ont d'ailleurs pas caché lors de leurs éditions spéciales avoir volontairement retenu certaines informations pour ne pas gêner le travail des enquêteurs. Cela a par exemple été le cas concernant l'identité de certains terroristes.
Si certaines séquences très choquantes ont parfois été diffusées, elles ne constituent pas un manquement en soi selon la cellule du CSA. "C'était choquant parce que l'information à relater était objectivement choquante", souligne-t-on du côté de la Tour Mirabeau. Concernant le cas plus précis du "66 minutes" diffusé hier sur M6 et dont certaines images ont parfois choqué des téléspectateurs, le CSA pourrait aussi ne pas prendre de sanction au vu de l'impossibilité d'identifier les victimes sur les images diffusées. Un avertissement très clair sur les "images très difficiles" contenus dans ce reportage avait en outre été lancé par Xavier de Moulins avant sa diffusion. Le film était enfin déconseillé aux moins de 10 ans.
Quoiqu'il en soit, ce sera bien aux membres du CSA de donner le dernier mot dans ce dossier. Après un passage en groupe de travail, les séquences feront prochainement l'objet d'une appréciation définitive lors d'une réunion plénière du Collège.
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