Samy Naceri est-il Charlie ? Telle est la question posée par Audrey Pulvar ce midi au comédien, invité du "Grand 8" de Laurence Ferrari sur D8. Rappelant les prises de position de Samy Naceri concernant Salman Rushdie, la journaliste a interrogé l'acteur sur les tragiques événements des dernières semaines. "Je ne veux pas rentrer là-dedans mademoiselle parce que j'estime, encore une fois peut-être, que je vais me faire mal voir... C'est malheureux, vraiment c'est triste, c'est horrible, tous les mots les plus... Il n'y a pas de mot assez fort pour dire combien ces journalistes qui se sont fait tuer comme ça, les familles qui sont en train de pleurer... C'est horrible. Mais laissons la religion, s'il vous plaît !", a débuté le comédien.
"Arrêtons ! On a eu 17 morts, des millions de policiers qui étaient là, tous ensemble à essayer d'attraper ces mecs, des gens qui pleuraient leur famille, est-ce qu'ils vont revenir ou pas... Et on remet une couche le lendemain avec 7 millions d'exemplaires avec le prophète... S'il vous plaît, arrêtez ! Arrêtez ! On a eu 17 morts ! On ne savait pas comment ça allait se passer dans cette boucherie cacher. Il y aurait pu y avoir un carnage, il y avait un enfant... Ils auraient pu tuer tout le monde ! Pourquoi remettre une couche ?", a-t-il poursuivi, énervé, face à une Audrey Pulvar gardant son calme mais désapprouvant ses propos et demandant ouvertement si Samy Naceri donnait raison aux terroristes.
"Non, pas les tueurs ! Est-ce que Charlie Hebdo a le droit ? C'est le prophète ! C'est comme Moïse, c'est comme le Christ ! C'est comme les orthodoxes. Ne touchons pas... Avant, il y avait des lois, on n'avait pas le droit de toucher à Pompidou, à Mitterrand... C'était interdit", a repris Samy Naceri, s'interrogeant à nouveau sur la pertinence d'en "remettre une couche le lendemain". Pour lui, les caricatures attiseraient même ces conflits. "Arrêtons ! Faisons une loi pour que justement ça n'existe plus, pour ne plus qu'il y ait de malheur comme ça...", a-t-il ainsi demandé.
Mais la position du comédien n'est pas celle d'Audrey Pulvar, voyant là une forme de censure. "Dans ce cas, on ne fait plus rien, puisqu'on n'exerce plus notre droit à la liberté d'expression, à la liberté de caricature, à la liberté de mettre en cause le pouvoir, on peut étendre votre propos au viol des femmes. Les femmes à qui on reproche de s'habiller trop court : 'Si tu ne t'étais pas habillée comme ça, tu n'aurais pas été violée', c'est le même principe ! C'est la victime qui a tort d'exercer ses droits...", a-t-elle souligné face à un Samy Naceri arguant que la liberté d'expression des journalistes "s'arrête au moment où ça dérange l'autre" et affirmant que Mahomet, comme le Christ, n'ont jamais été représentés hormis au cinéma, une déclaration contestée par son interlocutrice.
"Vous vous rendez compte la misère qu'on a eu pendant trois jours ? Tous ces policiers mobilisés, ces gens pris en otage pour un simple dessin sur le prophète... ! Pourquoi on n'arrête pas ? On vient de tuer 17 personnes, on ne les a même pas encore enterrées...", a-t-il ensuite rappelé avant qu'Hapsatou Sy ne tente de prendre la parole pour recadrer l'interview sur la pièce de théâtre du comédien, se disant "gênée" par le débat en cours. puremedias.com vous propose de découvrir cet accrochage.