Avec Matt Groening, l'animation se conjugue à tous les temps. Le présent avec "Les Simpson", dont la 30e saison est attendue à la rentrée sur la Fox et le futur avec la bien nommée "Futurama", qui s'est achevée en 2013 après sept saisons. Cette fois, le créateur s'est laissé convaincre par Netflix, qui a voulu lui donner carte blanche pour qu'une nouvelle série à sa mesure voit le jour. Elle s'appelle "Désenchantée" et les dix épisodes de la première saison sont en ligne depuis ce vendredi.
Une fois n'est pas coutume, le personnage principal est une jeune femme, la princesse Bean, qui vit dans le royaume médiéval déliquescent de Dreamland où elle est connue pour son goût pour la bouteille et les jeux d'argent. Le jour où son père, le roi, décide de la marier de force, elle s'enfuit avec ses compagnons, Luci, son démon personnel qui va la pousser au vice et Elfo, son compagnon elfe bagarreur. En chemin, le trio loufoque va rencontrer des ogres, des farfadets, des harpies, des lutins, des trolls et également des morses. Particularité de la série par rapport aux autres productions de Matt Groening, les épisodes se suivent dans un ordre chronologique, avec une trame principale qui court sur l'ensemble de la saison.
Les critiques, qui n'ont pas vu le même nombre d'épisodes et pas forcément dans l'ordre, se montrent partagées sur cette nouvelle production. Les sites américains saluent la qualité du doublage, assuré dans la version originale par Abbi Jacobson, Nat Faxon et Eric Andre. "Variety" apprécie l'influence visible des "Monty Python", mais déplore que la série passe plus de temps à conter le voyage des héros qu'à exploiter leur potentiel comique. "The Hollywood Reporter" avoue de son côté ne pas avoir compris la direction que voulait prendre la série, qui aborde en toile de fond les thèmes du féminisme et des rapports homme/femme sans vraiment entrer dans le vif du sujet.
Côté sites français et francophones, pour "Première", "Désenchantée" souffre de la comparaison avec les séries existantes et "peine à imposer son ton politiquement incorrect". "Pour autant, 'Désenchantée' n'a rien d'un total désenchantement. L'animation magnifique, dans le plus pur style Groening, nous emmène dans un monde plein de couleurs et de bonnes idées, qu'on prend vraiment plaisir à découvrir". Et le site de conclure, indulgent : "'Les Simpson' non plus ne se sont pas faits en une saison". "Ecran Large" est sur la même longueur d'onde : "Pas un chef-d'oeuvre instantané donc, mais une très belle promesse".
Pour "Le Devoir" en revanche, la nouvelle série de Matt Groening doit revoir sa copie. "Les fidèles de la bande à Homer qui s'attendent à de la satire sociale bien acide seront sans doute déçus par cette comédie d'animation médiévale et fantastique aux accents féministes, qui détourne les clichés des contes traditionnels sans complètement les éviter et qui fait plus sourire que rigoler", affirme le site canadien. "Pure Break" invite le créateur des "Simpson" à s'emparer au plus vite de la liberté de ton qui lui est offerte sur Netflix. "La série n'exploite absolument pas son potentiel et semble avancer avec le frein à main", observent nos confrères, tout en ajoutant : "Matt Groening doit s'inspirer de son héroïne et envoyer balader les codes qu'il s'est imposés au fil des années".
Enfin, "Le Figaro" a pris plaisir à regarder "Désenchantée", mais a bien conscience de ses faiblesses : "On s'amuse, on esquisse quelques sourires et on reconnaît bien l'influence du film 'Monty Python, sacré Graal'. La série reste malgré tout encore loin du show révolutionnaire qu'annonçait Netflix (..) Dotée d'un excellent potentiel, (elle) a quelques imperfections qui mériteraient d'être corrigées dans une éventuelle saison 2".