La télé-réalité est-elle à blâmer dans l'accident d'hélicoptères qui a fait dix morts lundi, sur le tournage du jeu "Dropped" de TF1 ? Depuis hier, beaucoup s'accordent à dire que la nature du programme n'a pas réellement de lien avec la catastrophe. Mais certains jugent que la télé-réalité, genre très décrié depuis son apparition à l'antenne dans les années 2000, a là une part de responsabilité. C'est le cas de Yann Moix qui, invité hier soir d'Olivier Galzi sur iTELE, s'est livré à une sorte de procès de la télé-réalité, à commencer par le concept de "Dropped".
"Quel est le but de ce jeu, Dropped ? On balance des gens dans la forêt vierge et on leur demande de retrouver par leurs propres moyens 'la civilisation'. La civilisation ! Ca en dit quand même extrêmement long sur ce qu'on entend par civilisation ! C'est-à-dire que des êtres humains sont de la matière première, de la matière inflammable, de la matière commerciale, sur laquelle on pose constamment des autocollants - que ce soient ceux des sponsors publicitaires ou de TF1 - et on leur demande simplement de retrouver quoi ? La porte de TF1, la porte de l'argent, la porte de la banque. La civilisation, c'est ce qui est filmé. Le reste...", a-t-il ainsi pesté.
Puis, c'est le système de l'utilisation de célébrités en manque d'actualité ou de sportifs à la retraite qui a provoqué la colère de l'écrivain et réalisateur. "La date de leur mort et leur date de péremption sont confondues. C'est une date de péremption qu'on vient de voir. C'est-à-dire que les gens qui utilisent les anciens sportifs ou les anciennes vedettes pour les métamorphoser en produits commerciaux pour la télé-réalité partent du principe que c'est la date de péremption de leurs célébrités qui va leur faire accepter cette mission impossible de retrouver la civilisaiton, comme le Petit Poucet avec les cailloux", jugeant que le personnage du conte de Charles Perrault était ici Philippe Candeloro.
"Vous savez à quoi ça me fait penser Olivier, ce que je viens de voir ? A des gens qui mettraient à fond chez eux un feu de cheminée pour pouvoir mettre la clim. C'est-à-dire que, je m'explique, des nantis viennent fabriquer du danger sur-mesure comme si le vrai danger, la vraie aventure et l'horreur sordide du vrai réel n'existait pas quelque part sur la planète", a poursuivi Yann Moix avant de faire une comparaison entre les jeux d'aventures comme "Dropped" et les vidéos de l'Etat islamique.
"Je mets ça en parallèle avec les vidéos de Daesh qui scénarisent également la réalité dans ce qu'elle a de plus épouvantable et de plus horrible. Le réel aujourd'hui est devenu un cas particulier du film, de la commercialisation de l'image. L'image et la réalité ne sont plus confondues comme en l'an 2000. Maintenant, la réalité est devenue un sous-genre de la fiction", a conclu Yann Moix. puremedias.com vous propose de découvrir un extrait de l'interview de l'auteur, victorieux du prix Renaudot en 2013.