Un lancement dégradé. Après 37 ans d'existence, le "19/20" national a tiré sa révérence ce dimanche 3 septembre 2023 au profit de 24 éditions d'information pilotées depuis les antennes régionales. Mais la première de ce nouveau format, intitulé "Ici 19/20", a été perturbée, ce lundi, par un mouvement de grève mené par le Syndicat national des journalistes (SNJ) de France Télévisions.
Résultat : plus de la moitié des éditions régionales – à savoir 13 sur 24 – n'ont eu d'autre alternative, selon différentes sources, que de proposer, au choix, des éditions raccourcies, sans présentateur ou une édition toutes régions.
14,2% de grévistes ont été recensés, hier, au sein du réseau France 3, journalistes et personnels techniques et administratifs compris, assure à puremedias.com un cadre de France Télévisions. Ils sont 7,8% ce mardi. La grève se poursuit ce mardi 5 septembre : 9 éditions de "Ici 12/13" sont perturbées et 13 éditions de "Ici 19/20" le seront encore ce soir.
"Un gros succès", note tout de même, pour puremedias.com, Serge Cimino, représentant du SNJ au siège de l'entreprise publique, pour qui la pilule est difficile à avaler. "Au siège, c'est pour l'instant la sidération !", ajoute le syndicaliste. En juillet 2023, le SNJ s'inquiétait, dans un communiqué, des "fortes dégradations des conditions de travail" à venir "avec amplitudes horaires et charge de travail qui explosent".
"Et pour ceux qui ne nous ont pas écoutés, la réalité est bien là", regrette, ce mardi 5 septembre 2023, Serge Cimino. "Cette grogne, je l'entends mais elle porte moins sur le projet éditorial que sur les conditions de travail", a préféré surligné, pour "Télérama", Erik Berg, le directeur de l'information des régions et grand patron des nouvelles éditions. Un constat partagé par un autre cadre de France Télévisions, contacté par puremedias.com. Cet été, Delphine Ernotte a annoncé le déploiement de 60 équivalent temps plein (ETP) pour le réseau régional. La répartition est en cours, assure-t-on du côté de France Télévisions.
Dans ce contexte, Henri Sannier, le premier présentateur du "19/20" national en 1986, a pris la plume. "La suppression de l'édition nationale du '19/20' est liée a l'incompétence de ceux qui dirigent France Télévisions", estime l'ancien visage de "Tout le sport" dans un message relayé sur Facebook par Serge Cimino.
"Pour moi et plusieurs millions de téléspectateurs, le '19/20', c'était 'l'info avant l'heure', un concept qui permettait de s'affranchir de la grand messe du '20 Heures'. Privée de ses repères, la Trois risque de devenir un 'robinet à images' semblable à d'autres chaînes", s'inquiète-t-il.
Une inquiétude en chasse une autre : après la suppression des éditions nationales de France 3, Delphine Ernotte, présidente du groupe, a redit, ce lundi 4 septembre dans les colonnes du "Monde", son souhait de voir émerger le "projet éditorial commun" promis de concert en février dernier par Delphine Ernotte et Sibyle Veil, son homologue à Radio France. "Je n'ai jamais été ambiguë sur ce sujet : je suis favorable aux rapprochements et aux coopérations les plus poussées possibles avec mes collègues de l'audiovisuel public. En proximité, je suis pour une forme d'union entre France 3 et France Bleu, avec laquelle nous partageons déjà plus de trente matinales communes", a répété Delphine Ernotte ce lundi.
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"On peut et on doit aller beaucoup plus loin pour mieux nous répartir sur le terrain, rendre compte de la diversité et de la richesse des territoires. Une marque unique, une ligne éditoriale commune... tout cela sera précisé dans le contrat d'objectifs et de moyens qui est en cours de négociation avec l'État", a conclu la dirigeante. Une déclaration qui a fait sauter au plafond le SNJ. "Pour la PDG de France Télévisions, Tempo n'est qu'un début... La fusion France 3 / France Bleu ? Pour nous, c'est non !", a écrit le syndicat sur X.