Un dimanche mouvementé pour les équipes du "Parisien". Ce week-end, le quotidien a souhaité évoquer l'après-confinement, interrogeant des experts du climat, de la politique, de l'économie ou encore de la santé pour connaître leurs prévisions sur ce qui nous attendait une fois la pandémie passée. L'occasion aussi de s'interroger sur les leçons qu'il faudrait tirer de cette crise et les changements à mettre en place.
Oui mais voilà, les experts interrogés et propulsés à la Une du quotidien étaient quatre hommes, avec le titre "Ils racontent le monde d'après". Un monde d'après qui ressemblait beaucoup au monde d'avant, selon de nombreux observateurs qui n'ont pas manqué de critiquer cette Une 100% masculine. Les reproches se sont multipliés sur les réseaux sociaux, tandis que d'autres ont préféré proposer une version alternative de la Une, mettant en avant des personnes actuellement au front face à la pandémie.
Des critiques entendues dans la matinée par Stéphane Albouy, directeur des rédactions du "Parisien". Sur son compte Twitter, il a publié un message pour répondre à la polémique. "Vous avez été nombreux ce matin à critiquer et relayer la Une de notre journal où 'le monde d'après' était exclusivement dessiné par des hommes. Vous avez raison. Il s'agit là d'une maladresse qui n'illustre en rien la ligne éditoriale du Parisien... Cette erreur est pour nous un rappel à l'ordre et à la vigilance. Elle restera comme une des pierres du 'monde d'après' que nous voulons continuer de construire avec vous", a-t-il écrit.
Dans l'après-midi, la SDJ du "Parisien" a pris acte de ces excuses, révélant que les condamnations externes avaient été accompagnées de plaintes en interne. "Vous êtes nombreux à faire part de votre colère ou de votre honte d'être associé, en tant que journaliste du 'Parisien', à un pareil choix éditorial. Nous partageons cette indignation", écrit ainsi le bureau de la SDJ en préambule. "Même si nous aurions apprécié qu'il soit partagé à l'ensemble de la rédaction en même temps qu'il était posté sur Twitter, nous avons pris acte du mea culpa de la direction de la rédaction. Tout le monde peut faire des erreurs et au moins la faute a été reconnue", poursuit le communiqué.
La SDJ s'interroge ensuite sur "l'enchaînement des décisions et l'absence de garde-fous qui ont permis cette 'maladresse qui n'illustre en rien la ligne éditoriale du Parisien'". "Il nous remonte notamment que chaque service ayant contribué à cet ensemble, commandé et piloté par la direction de la rédaction, n'était pas au courant des autres interlocuteurs qui y interviendraient (...). Cette faute éditoriale remet aussi en lumière la nécessité de veiller, au quotidien, à l'équilibre entre interlocuteurs masculins et féminins dans nos colonnes", poursuit la SDJ, qui suggère la création d'un observatoire de la parité des intervenants.
"Qu'il nous soit enfin permis de nous demander si une pareille Une aurait pu voir le jour avec une direction paritaire. Ce combat est connu, il sera long mais il apparaît plus que jmais indispensable si l'on souhaite vraiment construire 'le monde d'après'", conclut la SDJ.