Il n'y va pas de main morte. Dans les colonnes de "Libération" ce jeudi, Alain Duhamel revient sur le débat de France 2 pour les élections européennes qui a eu lieu la semaine dernière. Il s'agissait de la première grande soirée électorale consacrée au scrutin européen du 26 mai prochain. Présentée par Thomas Sotto et Alexandra Bensaïd, elle avait réuni les douze principales têtes de liste de cette élection.
Et il semble que le journaliste de RTL n'ait pas apprécié le format du débat puisqu'il le critique fortement dans les colonnes du quotidien de gauche aujourd'hui. "Nous avons assisté jeudi dernier sur France 2 à un débat interminable, chaotique, agressif mais surtout négatif entre douze têtes de liste, pour la plupart bien pâles, pour certaines comme interloquées ou embarrassées de se trouver ainsi exposées à leur détriment", débute Alain Duhamel, qui estime qu'il n'y avait "pas une seule personnalité de premier plan" et "pas d'authentiques leaders".
"En 2019, on s'apostrophe, on s'interrompt, on entretient un brouhaha permanent à propos d'une Europe introuvable, évanescente, se dérobant dans un âcre brouillard", poursuit l'éditorialiste, comparant ce débat à ceux de 1979 avec Simone Veil, Jacques Chirac, Georges Marchais et François Mitterand. Il convient qu'avec "douze protagonistes, tout débat sérieux est absolument exclu", "que chaque invité disposait d'un temps d'intervention si bref que dépasser cinq phrases tenait de l'exploit", et "que dans ces conditions", "mieux valait agresser ses concurrents que tenter d'exposer ne serait-ce que l'esquisse de l'esquisse d'une thèse ou d'une conviction".
Alain Duhamel délivre ensuite le bulletin de notes des protagonistes de ce débat. Il salue la performance "positive" de Manon Aubry et Jordan Bardella, qui "ont su tirer leur épingle du jeu avec un débit à la mitraillette" et "une insolence ravie". Il relève "l'incapacité" de François-Xavier Bellamy "de s'imposer dans le débat", "le fiasco" de Raphaël Glucksmann et "la chaleur et l'entrain" de Jean-Christophe Lagarde, meilleur que Nathalie Loiseau selon le journaliste. "Quant aux journalistes animateurs, ils plaideront non coupables et ils auront raison", ajoute Alain Duhamel, pour qui "organiser un débat à douze est aussi nécessaire qu'impossible". "Nous voilà exposés à de piètres débats au moment même où le destin de l'Europe vacille et où une confrontation audible et de qualité des points de vue antagonistes serait plus indispensable que jamais. Inimaginable aujourd'hui", conclut le journaliste de RTL.