L'avocat n'avait pas eu la langue dans sa poche. Le 29 janvier 2018, BFMTV a diffusé un documentaire retraçant la chute de François Fillon et ses nombreuses affaires lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2017. Au cours de ce film, l'avocat Robert Bourgi a confié face caméra comment il allait "niquer" le candidat des Républicains grâce à des costumes de chez Arnys. puremedias.com vous propose de visionner l'extrait de BFMTV.
Un an plus tard, selon une information de "L'Express" révélée ce jeudi, le conseil de discipline du barreau de Paris a condamné les propos de Robert Bourgi en l'interdisant d'exercer pour un an. "Cela donne des avocats une image violente, vulgaire et cynique, de nature à nuire à l'image de la profession", est-il écrit dans un arrêté de 26 pages que l'hebdomadaire a consulté.
Cette sanction fait suite à l'enquête disciplinaire ouverte en février 2018 durant laquelle des avocats étaient chargés de revoir et analyser l'entretien filmé à son cabinet. "Nous essayons de savoir si le fait de s'être publiquement félicité d'avoir conçu, semble-t-il, un plan visant à disqualifier monsieur François Fillon lancé dans la course à l'élection présidentielle serait constitutif de manquements à la délicatesse, à la courtoisie, à la modération et à l'honneur", s'étaient demandés les avocats dans leur décision. Et d'ajouter : "La même question se pose du ton choisi pour la promotion d'une vengeance aussi personnelle que politique et, enfin, du choix de faire cette publicité alors qu'il était présenté et identifié comme avocat quoi qu'il en dise."
Selon les robes noires, il s'agissait bel et bien d'un "piège", "dont il revendique le caractère prémédité et se félicite de son efficacité". Dans leur longue décision, ils pointent du doigt la "violence" des propos de Robert Bourgi et la "description minutieuse" du piège tendu. Ainsi, après avoir instruit le dossier et s'être réuni à huis clos, le conseil de discipline du barreau de Paris a décidé d'interdire à l'avocat d'exercer pendant un an, dont six mois avec sursis pour "les manquements aux principes essentiels de la profession notamment de modération, de dignité et de délicatesse". Par ailleurs, il est également interdit de se présenter aux fonctions de bâtonnier pendant dix ans.